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    Ferdinand Hamer

    Ferdinand Hamer

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    L’évêque Ferdinand Hamer (1840-1900). Un martyr CICM

    Chang Wen Chao Petrus

    Durant l’été 1864, lorsque le père Théophile Verbist visite quelques séminaires aux Pays-Bas pour gagner des candidats à l’œuvre missionnaire en Chine, Ferdinand Hamer est le premier à se présenter. C’était à peine quelques semaines avant son ordination sacerdotale.

    Le 21 août 1840, Ferdinand Hamer est né à Nimègue, où ses parents tiennent une épicerie. Il est le septième d’une famille de neuf enfants. Un frère entre dans l’ordre des Franciscains, et un autre devient jésuite. Il rejoint la petite communauté de Scheut en 1864. Il s’y sent rapidement chez lui. Dans une lettre écrite début janvier 1865, il caractérise ses cinq compagnons comme des hommes larges d’esprit et au cœur ouvert.

    Le 15 août 1865, il prononce ses premiers vœux et dix jours plus tard, il entame son voyage vers la Chine avec le premier groupe de Scheutistes. Ses compagnons sont Théophile Verbist, Aloïs Van Segvelt, Frans Vranckx et Paul Splingaerd, un laïc. Le 5 décembre 1865, ils arrivent à Xiwanzi, le poste de mission central de la Mongolie intérieure, et aussi le tout premier poste de mission de la Congrégation.

    Vers la Mongolie orientale

    Il peut à peine bégayer quelques mots en langue chinoise lorsqu’il est nommé dans le territoire des « Eaux-noires » en Mongolie orientale. Il se sent donc impuissant au milieu de tout ce travail. Au début, il doit en laisser la plus grande partie à un prêtre chinois récemment ordonné, avec lequel il ne peut converser qu’en latin pour régler les affaires. Mais il ne perd pas courage. À la fin de 1897, il dit que ces années en Mongolie orientale, malgré la pauvreté, la famine, les bandits et autres misères, ont été les plus belles de sa vie.

    Vicaire apostolique du Gansu

    En 1878, Scheut se voit confier le vicariat du Gansu, un territoire si — tué au fin fond de la Chine, qui comprend également le Turkestan chinois et borde la Russie à l’ouest. Le père Hamer semble être l’homme qu’il faut pour diriger la tâche exceptionnellement difficile d’organiser l’évangélisation dans cette région. Le pape Léon XIII lui envoie sa nomination en toute confiance. Le 27 octobre 1878, le jeune vicaire apostolique reçoit la consécration épiscopale à Xiwanzi des mains de Mgr Jaak Bax. Un mois plus tard, il est en route pour son vicariat, à des centaines de kilomètres de là.

    Sept ans plus tard, il y a 17 stations de mission. On y trouve un petit et un grand séminaire, un certain nombre d’orphelinats et des bureaux de consultation médicale. Dans une lettre à sa famille, datée du 22 mai 1882, il décrit certaines de ses expériences. Ce qui suit est la traduction du texte original :

    «La vie de mission continue à me plaire autant que le premier jour. Si je devais la laisser, ne serait-ce que pour une courte période, je crois que ce serait un sacrifice qui me coûterait plus que celui que j’ai fait quand je quittai l’Europe et me séparai de tout ce qui m’était cher. J’aime les Chinois comme mes propres enfants et j’ai maintenant avec moi huit prêtres vertueux qui, tous, travaillent avec zèle. Ensemble, nous vivons dans l’unité comme de vrais frères. Quant à la mission du Kansou, je n’y ai pour ainsi dire rien trouvé qui fut en ordre. Il a fallu tout commencer, car c’était une nouvelle entreprise missionnaire. Nous n’avons découvert ici que 1300 chrétiens, dispersés çà et là, tout à fait abandonnés, à peine catéchisés et qui ne méritaient guère le nom de chrétiens.» [i]

    Pour ses confrères, Mgr Hamer est un vrai père. «Monseigneur nous recevait toujours à bras ou verts» témoignait l’un d’entre eux, «et il éprouvait toujours un réel plaisir à pouvoir partager avec ses prêtres ce qu’il avait reçu d’Europe. Il excitait leur zèle par ses lettres amicales. Il était particulièrement compréhensif et savait consoler et encourager ceux qui avaient à souffrir de l’opposition des mandarins ou qui ne voyaient aucun résultat à leurs travaux.»[ii]

    Vicaire apostolique du sud-ouest de la Mongolie

    D’abord la Mongolie orientale, puis la Mongolie centrale, ensuite le Gansu et enfin la Mongolie du Sud-Ouest (Ortos). Dans les années 1880, la mission d’Ortos est connue comme l’une des plus difficiles de tout le territoire. « Les distances entre les différents districts sont grandes », écrit l’un des confrères, « et les voyages très difficiles… les routes passent par des déserts ou des zones peu peuplées. Il est extrêmement difficile de trouver des provisions de nourriture, et on doit souvent dormir en plein air avec des températures qui ne dépassent pas rarement trente centigrades en dessous de zéro ».

    Martyre

    En 1899, une secte secrète se répand dans le nord de la Chine. Ses membres s’appellent « les poings réunis pour la paix et le droit », que les Européens appellent à tort « boxers ». Cette secte nourrit une haine impitoyable envers tous les étrangers et leurs disciples. Ils veulent aussi déraciner et anéantir le christianisme. C’est surtout au cours des mois de juillet et août 1900 qu’ils infligent aux missions une épreuve extrêmement douloureuse. Nous ne pouvons qu’admirer l’attitude héroïque de l’évêque Hamer. Alors qu’il ordonne à ses missionnaires de veiller à leur sécurité, il reste lui-même avec les chrétiens à la mission principale. Avec une authentique magnanimité, il est prêt à donner sa vie pour eux. Les boxers le font prisonnier. Pendant quatre jours, il subit interrogatoire après interrogatoire, et toutes sortes de tortures. Le 24 juillet, il est mis sur une charrette et amené dans les environs de la ville de T’uo -ch’eng (Duosheng) où il est atrocement mis à mort. Trois perches sont fixées dans le sol, attachées ensemble en haut et munies d’un crochet en fer. À côté de celui-ci, un pot d’huile. Le martyr est retiré du chariot, dépouillé de ses vêtements, enveloppé dans un tissu de coton qui est ensuite imbibé d’huile. Ensuite, la victime est attachée, soulevée par les pieds et accrochée au sommet des poteaux, la tête en bas. Le bourreau met aussitôt le coton en feu. Il y a un cri terrible, puis le silence. Le sacrifice est accompli, un sacrifice d’amour.

    Nous ne savons pas si ou quand l’évêque Ferdinand Hamer sera béatifié. Toutes sortes d’obstacles, surtout politiques, ont jusqu’à présent rendu impossible une béatification officielle. Quiconque connaît sa vie de missionnaire et sa mort héroïque n’hésite pas à déclarer qu’il est effectivement un grand saint. Après tout, un saint est quelqu’un qui vit uniquement pour le Seigneur et ses frères et sœurs.

    André De Bleeker
    cicm Archiviste général


    [i] Albert Raskin, Trad. Paul Stassen. Profiles CICM. Rome : Editions C.I.C.M., 1982, 57–58.

    [ii] 9Ibid., 58.