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    CICM Taïwan Jubilé de platine

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    Norbert Khonde

    Norbert Khonde, cicm
    Missionnaire à Taïwan

     

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    Le 22 février 2025, la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie a célébré son 70ème anniversaire de présence missionnaire à Taïwan. L'archevêque de Taipei, Mgr Thomas Chung An-Zu, avait été invité à présider la célébration eucharistique. Malheureusement, il était hors de Taïwan à cette date. Pour attester de sa communion avec la conférence épiscopale de Taïwan, le District CICM de Taïwan a décidé de faire présider cette célébration eucharistique par l'archevêque émérite de Taipei, Mgr John Hung, SVD. Les catholiques de toutes les paroisses où travaillent les CICM ont été invités à assister à cet événement très important. Des amis de CICM, des bienfaiteurs, des collaborateurs, des religieux d'ordres divers et de nombreux autres groupes chrétiens se sont présentés à cette fête d'action de grâce. La communauté ICM était également présente. Un grand merci à leur supérieure locale, Sœur Regina, pour son implication active. La paroisse Sainte-Thérèse, l'une des premières paroisses construites par CICM à Taïwan, a été choisie pour accueillir la cérémonie d'ouverture du Jubilé de platine. La chorale et les servants d'autel provenaient de l'église du Saint-Rosaire, où notre confrère Frans De Ridder est curé. À cette occasion spéciale, nous avons décidé de faire une exposition de livres, de magazines et de peintures, oeuvres de nos confrères CICM.

    Asia Veritas, la télévision catholique, était là pour enregistrer tout l'événement en vue de le faire publier dans le bulletin catholique diocésain et dans divers autres moyens de communication sociale. En utilisant ces puissants outils de notre temps, nous restons fidèles à l'esprit de Vatican II tel qu'il est décrit dans ses différents documents. La Déclaration pastorale Gravissimum educationis déclare que « l'Église estime beaucoup et cherche à pénétrer et à ennoblir avec son propre esprit d'autres supports qui appartiennent au patrimoine général de l'humanité et qui ont une grande influence sur la formation des âmes et la formation des hommes, comme les moyens de communication » (Vatican II, 1965, art. 17). Un autre document de Vatican II, Inter Mirifica, publié deux ans avant Gravissimum Educationis, souligne la même idée. Il y est dit que « tous les fils de l'Église doivent s'unir, sans délai et avec le plus grand effort, dans une œuvre commune pour utiliser efficacement les moyens de communication sociale dans les divers efforts apostoliques, selon ce que les circonstances et les conditions l'exigent. Afin de prévenir des évolutions néfastes, en particulier dans les régions où des efforts plus urgents sont nécessaires pour promouvoir la morale et la religion » (Vatican II, 1963, art. 13). Avec ces idées à l'esprit, nous croyons fermement que la diffusion de notre Jubilé de platine est vraiment un de nos nombreux moyens d'évangélisation.


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    Au cours de la messe d'action de grâce, Frans de Ridder a été invité à prononcer l'homélie et à raconter l'histoire de CICM à Taïwan. Voici un extrait de son homélie : « Chers frères et sœurs dans le Seigneur, la paix soit avec vous tous. Nous savons tous que, grâce à l'œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ, des personnes de cultures et d'éducation diverses ont la chance de devenir des fils et des filles de Dieu. En tant que Corps mystique du Christ, l'Église continue tout au long de son histoire à accomplir cette mission divine. Fidèle à ses devoirs chrétiens, notre Fondateur, le P. Théophile Verbist, a décidé de prêcher la Bonne Nouvelle de l'Évangile en Chine afin que le peuple chinois devienne également membre de la Famille Universelle de Dieu. C'est le même Esprit de Dieu qui nous pousse aujourd'hui : Il nous donne le pouvoir de continuer à construire le Royaume de Dieu dans plusieurs autres parties du monde, comme l'île de Formose, où nous avons exercé notre ministère au cours des soixante-dix dernières années. Comme notre Mère du Ciel, qui par son obéissance a facilité l'incarnation du Seigneur, nous nous mettons totalement au service de Dieu pour le salut de tout être humain. Nous rendons grâce à Dieu qui, au cours de ces soixante-dix dernières années, nous a rendus dignes de servir dans sa vigne pour le salut de beaucoup. Notre aventure missionnaire à Taïwan a commencé avec quatre confrères aînés Belges en 1955. Aujourd'hui, il y a encore quatre autres Belges qui étaient arrivés alors comme les plus jeunes... et maintenant ils sont entourés et soutenus par de jeunes missionnaires de la RD du Congo, des Philippines et d'Haïti. Depuis une soixantaine d'années... J'ai fait partie des 70 ans de CICM à Taïwan... Ce fut l'une des expériences les plus inoubliables et les plus remplies de joie de ma vie missionnaire. En effet : ce fut grâce sur grâce. La gratitude est la plus belle fleur de l'Amour. Il y en a tout un bouquet coloré. »


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    Après cette homélie très pertinente de Frans De Ridder, Willy Ollevier a pris la parole pour présenter la spiritualité CICM et sa pertinence dans le contexte de Taïwan (île de Formose). En voici quelques extraits : « Nous, missionnaires du Cœur Immaculé de Marie, comme notre Père dans la foi Abraham, sommes appelés à quitter nos pays et à servir des personnes d'autres cultures. Il y a soixante-dix ans, quatre membres de notre congrégation ont répondu de tout cœur à cet appel de Dieu et sont arrivés à Taïwan. Ils ont construit non seulement des paroisses, mais sont aussi à l’initiative de plusieurs œuvres sociales telles que des écoles, des programmes éducatifs pour des enfants en difficulté, des centres pour personnes âgées, des programmes de catéchèse pour les enfants et les adultes, etc. » Willy a conclu son allocution en rappelant à tous que le but de tous ces efforts missionnaires est de rendre gloire à Dieu, qui nous appelle à construire son Royaume ici à Taïwan.

    Outre les deux prêtres CICM déjà mentionnés, le secrétaire des Amis de CICM a également été invité à partager l'histoire et l'impact social de notre mission à Taïwan. Le discours de clôture a été prononcé par le Supérieur du District de Taïwan, Norbert Khonde, qui a remercié l'assemblée et tous nos collaborateurs pour leur participation active à la réussite de cet événement. Mentionnons également que la contribution des Amis de CICM à cet événement mérite un vibrant applaudissement. Comme les jeunes étaient également présents, nous croyons que ce fut pour eux une bonne animation missionnaire ou du moins le réveil du feu de la foi dans leurs cœurs.


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    Après la célébration eucharistique, tout le monde a été invité à partager le merveilleux déjeuner préparé pour l'occasion. Concernant ce repas, permettez-moi d'emprunter un paragraphe de la réflexion de Frans De Ridder : « … par un temps superbe, tous réunis en famille pour un repas des plus agréables. De la nourriture succulente, bien sûr ! En plus, l'atmosphère de joie, d'amitié, le sentiment de se retrouver avec de vieux amis... enfants et petits-enfants de l'époque des pionniers, furent merveilleux. » Notre humble prière pour tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué au succès de cette cérémonie fut formulée comme suit : « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ; que le Seigneur fasse briller sur vous son visage et qu'il vous fasse grâce ; que le Seigneur tourne vers vous son visage et vous donne la paix » (Nm 6, 24-26). L'article 43 des Constitutions CICM stipule que « l'Eucharistie a une place spéciale dans nos vies. Lorsque nous célébrons l'Eucharistie, nous proclamons la mort et la résurrection du Christ et l'avènement du Royaume, où tous seront frères et sœurs en Lui. Nous célébrons également l'Eucharistie en communion avec les joies, les espoirs, les souffrances et les luttes des personnes avec lesquelles nous vivons.  »


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    Tout au long de cette année 2025, d'autres activités seront organisées par les missionnaires du Cœur Immaculé de Marie dans la lignée de ce Jubilé de platine. Rappelons également que 2025 a été désigné par le pape François comme une année jubilaire avec comme thème : pèlerins d’Espérance. Dans ce but, l'Église universelle a établi un calendrier des grands événements qui seront célébrés à Rome et dans le monde entier. En tant que membre de l'Église universelle, le District CICM de Taïwan se réjouit d'organiser toutes ses activités au long de ce « Jubilé de platine » conformément au thème de Pèlerins d’Espérance.


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    Les thèmes particuliers de l'année jubilaire 2025, mis en évidence par le Saint-Siège, proposent les lignes directrices pour commémorer les 70 ans de notre présence missionnaire à Formose. Nous prions pour que la véritable espérance, qui est un don de l'Esprit Saint, soit accordée à chaque être humain tout au long de cette année jubilaire. Les Saintes Ecritures nous rappellent que « L'espérance ne déçoit pas, parce que l'amour de Dieu s'est répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. Car, alors que nous étions encore sans force, le  Christ est mort au moment voulu pour les impies (Rm 5, 5-6). À Dieu soit la gloire hier, aujourd'hui, demain et pour toujours. Amen! » La cérémonie de clôture de ce Jubilé de platine de CICM à Taïwan aura lieu en novembre 2025. La date et le lieu exacts seront communiqués en temps utile. Que la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Veillez sur vous et gardez toujours l’espérance.


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    L’Audace missionnaire

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    Jonel Dalimag

    Jonel Dalimag, cicm
    Missionnaire aux Philippines

     

    L’audace missionnaire est un aspect essentiel de notre presence missionnaire.

    La définition de la mission CICM : « Là où une présence missionnaire est la plus nécessaire, en particulier là où l'Évangile est inconnu ou non pratiqué, CICM est prête à aller ! » a éveillé mon désir de la rejoindre. Cette phrase a été employée comme slogan pour le recrutement au séminaire missionnaire CICM Maryhurst ; il apparaissait sur les calendriers, les t-shirts, les affiches et des cartes. Elle reflète l’engagement de la Congrégation à partager la Bonne Nouvelle, en particulier parmi ceux qui ne l'ont pas entendue, comme le soulignent les Constitutions, particulièrement l'article 2, qui stipule : « Nous sommes envoyés aux nations (ad gentes) pour partager la Bonne Nouvelle là où notre présence missionnaire est la plus nécessaire. » Cette audace missionnaire est ce qui rend notre présence missionnaire unique en CICM. Elle nous identifie comme des missionnaires religieux CICM ; par conséquent, nous sommes différents de nos homologues diocésains et des missionnaires religieux d'autres ordres et congrégations.

    Au cours de notre Rencontre de Discernement du District CICM de Baguio-La Union, nous avons réfléchi sur le thème de « la Présence Missionnaire » en préparation aux transferts et nominations du personnel à venir. Bien qu'initialement axées sur les transferts, nos discussions ont approfondi notre compréhension de notre identité et de notre présence missionnaires.

    La discussion a porté sur le principe du dialogue fraternel, qui devrait être établi avant toute nouvelle nomination. J'ai souligné que nous sommes dans une période de transition, où la préparation est essentielle. Cette préparation implique un dialogue fraternel entre l'autorité investie du pouvoir de nomination et les confrères. Le vœu d'obéissance exige une confiance mutuelle, en tenant compte des talents individuels et des besoins de la Congrégation. L'article 31 des Constitutions CICM stipule que l'obéissance implique un discernement continu de l'appel du Seigneur, soulignant notre coresponsabilité dans la mission. Le dialogue fraternel et la confiance mutuelle sont des aspects essentiels de la vie religieuse CICM, comme le confirment les articles 83 et 85.


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    L'article 83 souligne notre coresponsabilité collective dans la mission de l'Institut et l'importance du dialogue et de la participation à tous les niveaux. L'article 85 souligne que les décisions importantes concernant les personnes doivent être prises dans le dialogue entre les Supérieurs compétents et les confrères concernés. Ces principes ont suscité une profonde réflexion parmi les membres du District, l'un d'entre nous ayant refusé une nomination. Selon lui le supérieur qui l'avait nommé ne connaissait pas ses compétences, ses défis et ses aspirations.

    Au fil des réflexions, les thèmes de la vision, des aspirations et des objectifs communs émergent à côté de la question de la qualité de la présence missionnaire. Des missionnaires à la retraite mais extrêmement dévoués (RED) partagèrent leurs expériences, soulignant comment leur présence illustrait le fait de tendre la main et de sortir de leurs zones de confort, conformément à l'essence missionnaire de l'Ad Extra. Cependant, ils se sont dits préoccupés par le fait que les jeunes confrères se concentrent trop sur les sacrements et les rituels, négligeant ainsi le véritable aspect missionnaire de leur appel.

    Alejandro A. Ulpindo, missionnaire de longue date en République dominicaine, RED pouvant inspirer les jeunes, est venu partager son expérience : L'évêque de San Francisco de Macoris avait invité CICM à s'engager dans l'animation missionnaire dans son diocèse. Nous avons accepté la paroisse San Isidoro de Castillo comme base. L'évêque déclara : « Je veux que San Isidoro Labrador de Castillo soit le centre de l'animation missionnaire pour tout le diocèse », me nommant alors coordinateur diocésain de la mission.

    J'ai visité les 48 paroisses et j'ai discuté avec les prêtres, notant leur résistance à cette animation missionnaire. Beaucoup croient que puisque nous sommes tous missionnaires, il n'est pas nécessaire de faire des efforts supplémentaires. Bien qu'ils reconnaissaient l'importance d’une présence physique de missionnaires, celle-ci est pourtant insuffisante : la présence missionnaire signifie : aller joyeusement vers ceux qui sont dans le besoin, surtout là où l'Évangile est inconnu. Nous devons faire plus que distribuer des sacrements et accomplir des rituels pour dynamiser les Églises locales pour la mission universelle. En tant que missionnaires CICM, nous avons un rôle à jouer dans la promotion de la solidarité mondiale entre les Églises particulières. En fin de compte, nous devons agir localement tout en pensant globalement.

    Présence missionnaire dans l'Église locale

    J'ai continué l'animation missionnaire de manière plus concrète. Par exemple, j'ai formé une équipe diocésaine d'animation missionnaire. J'ai poursuivi ma visite et j'ai invité les forces vives à y participer. Après neuf longues années d'animation, le rêve est devenu réalité. De 15 paroisses, 15 animateurs ont formé l'équipe de base de l'équipe diocésaine d'animation de la mission.

    Aujourd'hui, l'équipe diocésaine continue à faire de l'animation missionnaire, et cinq d'entre eux ont été envoyés dans d'autres pays d'Amérique latine pour partager leurs expériences. Nous leur avons ouvert un compte bancaire pour qu'ils puissent continuer leur mission. Bien que je ne sois plus là, le travail continue.

    Une paroisse missionnaire

    J'ai animé notre paroisse et formé une équipe d'animation missionnaire paroissiale de 25 personnes, y compris des représentants du centre et des barrios. Ils ont créé le groupe « Niños y Niñas Missioneros », qui éduque les enfants à la dimension universelle de l'Église. Ils visitent les écoles, invitant les enfants à faire des recherches sur différents pays, en se concentrant sur les situations des gens, les chansons et les coutumes. Ils présentent leurs découvertes par le biais de pièces de théâtre lors d'assemblées organisées pour eux. Ils continuent à promouvoir la prise de conscience de la mission universelle.

    Mission hors des sentiers battus (Missio Ad Gentes, Inter-Gentes, Ad extra)

    J'ai également été curé de paroisse pendant de nombreuses années. J'ai suivi fidèlement les exigences de l'Église selon le droit canonique. J'ai célébré la Sainte Eucharistie et administré les sacrements et prêché la bonne nouvelle. Je me suis conformé à la mission de gouverner, sanctifier et enseigner.  En faisant tout cela, j’ai consacré également beaucoup de temps à la formation de leaders laïcs. Parfois, je suis sorti des sentiers battus et j’ai célébré l’Eucharistie sur les « autels » des périphéries humaines, dans des lieux où l'Évangile n'est pas connu, prêché et vécu.

    Un jour, avec les responsables, nous avons décidé de « célébrer l’Eucharistie près de la rivière qui traverse la ville de Castillo, où j'étais curé. La rivière était tellement polluée et sale parce que les gens y jettent de tout. On peut y voir des choses étranges qui flottent dans la rivière - ce jour qui était jour de fête. J'ai dit aux gens que notre autel aujourd'hui était la rivière, en observant à quoi elle ressemblait maintenant.  Tous ont eu l’occasion d'exprimer ce qu'ils voyaient. Pour exprimer notre contrition, j'ai proposé aux gens de demander pardon parce que nous détruisons la rivière. En la détruisant, nous détruisons également notre propre vie et celle des générations futures. Nous avons décidé de nettoyer la rivière et de planter des arbres au bord de la rivière. Nous avons formé un comité pour le nettoyage de la rivière et aussi un comité pour prendre soin des plantes qui y pousseront.  Quand je suis parti, il y avait beaucoup d'arbres sur la berge de la rivière.


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    Une autre expérience a été la conversion d'une décharge en jardin : convertir des ordures en jardin.

    Dans l'un des quartiers du centre appelé Porto Rico, il y avait une décharge. De nombreuses personnes s’étaient rassemblées pour assister à la messe sur ce site de décharge. Tout le monde avait son mouchoir devant la bouche. Il y avait une odeur nauséabonde. Je leur ai demandé de retirer leur mouchoir de devant leur bouche et de leur nez, de sentir et de respirer l'air, et de voir et de sentir la différence entre assister à la messe dans une belle église parfumée et l'autel de la décharge. « C'est notre propre œuvre. Nous avons jeté tous nos déchets ici, et ils se sont accumulés au fil du temps. Il est temps de prendre nos responsabilités et de reconnaître nos péchés contre la nature, contre la belle création ». Nous avons eu le temps de faire un examen de conscience. « Maintenant que nous avons redécouvert notre responsabilité, nous allons nous demander comment la concrétiser. Pouvons-nous rendre cet endroit à nouveau beau ? »

    Après la messe, les gens ont décidé ce qui suit : nous irons en procession à la mairie et demanderons au maire d'envoyer des bulldozers pour nettoyer tout ce gâchis. C'est ce que nous avons fait, et le maire s'est montré très ouvert et serviable.  Il a envoyé une brigade, et en une journée, c'était propre.  Entre temps, nous avons formé des équipes pour planter des arbres et des fleurs et aussi une équipe pour veiller à la propreté des lieux.  Quand je suis parti, la décharge s'était transformée en jardin.  Et les gens pouvaient à nouveau profiter de l'air frais.

    Mon objectif initial était que la RED et les anciens combattants parmi nous partagent des expériences de vie, de la sagesse et des conseils qui pourraient guider l'autorité dans le processus de décision concernant les nouvelles nominations pour les 3 prochaines années. Ce fut un profond échange de réflexion entre tous les participants. Notre partage a confirmé ce qui avait déjà été écrit en 1981, à savoir :

    « L'élément crucial de notre identité missionnaire CICM est d'aller au-delà de l'endroit où nous sommes, PAS DE NOUS INSTALLER. Un véritable esprit missionnaire exige des attitudes de disponibilité et d'intégration... La mission est partout et le missionnaire se rend toujours disponible. Pour nous, missionnaires CICM, il est typique de franchir toute barrière pour exprimer cette disponibilité. Nous nous préoccupons de la croissance continue des Églises locales, mais nous restons toujours conscients du caractère temporaire de notre présence. Conscients de notre responsabilité envers la mission dans le monde, nous sommes prêts à laisser derrière nous les garanties personnelles et celles acquises par le groupe et à vivre en solidarité avec les plus nécessiteux, les abandonnés et les opprimés. [Présence missionnaire CICM, Actes du 9e Chapitre général (Rome : 1981), pp. 10-12].

    En application de l'article 3 des Constitutions CICM, qui affirme que « Nous nous questionnons régulièrement sur les tâches que nous entreprenons. Nous adoptons volontiers les réorientations jugées nécessaires », nous nous mettons sous le microscope pour voir si nous sommes encore dignes d'être appelés « missionnaires ». Cela nous rappelle le 15ème Chapitre général où les capitulants déploraient les nombreux obstacles qui empêchent la Congrégation de réaliser son rêve :

    « Le maintien de structures congrégationnelles établies et d'engagements de longue date nous empêchent de «lâcher prise» pour répondre à des défis missionnaires plus urgents. Nous nous sentons très à l'aise dans notre zone de confort et nous craignons le changement. La perte de «l'esprit pionnier» est un obstacle majeur au démarrage de quelque chose de nouveau. Le manque d'animation et d'encouragement de nos dirigeants peut nous conduire à la stagnation et étouffer notre créativité.

    Et, bien sûr, une réflexion sur la présence missionnaire de CICM et ses défis ne sera pas complète sans faire référence à « Il faut que le feu brûle » de 1974, mon document préféré de CICM. J'ai partagé une longue réflexion à partir de ce document, mais à cet effet, permettez-moi de partager ces quelques citations :

    « Une attitude essentielle du missionnaire est celle de NE JAMAIS VOULOIR S'INSTALLER DÉFINITIVEMENT » (FB 153). Après tout, il nous est rappelé que « nos engagements conservent un caractère temporaire. Cela nous permet de rester disponibles pour répondre à d'autres défis missionnaires. (Art. 10, Const. CICM)

    « Le missionnaire qui accepte facilement l'idée d'être remplacé trouve son bonheur dans le fait d'être à la disposition des autres. Il se réjouit de voir d'autres personnes reprendre ses œuvres. Il conserve suffisamment de souplesse pour se consacrer à une autre tâche avec la même générosité. Une autre attitude importante est de pouvoir s'intégrer pleinement dans un nouveau milieu, où le missionnaire a la possibilité de grandir et de s'inspirer de valeurs qui lui sont inconnues ».


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    CICM: Missionnaires et Pèlerins de l’Espérance

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    Pierre Muamba T.

    Pierre Muamba T., cicm
    Missionnaire en RD Congo

     

    Une expérience spirituelle

    En regardant notre Congrégation depuis ses origines, je me suis rendu compte que nous sommes des missionnaires et des pèlerins appelés à annoncer l’espérance. Quitter son bureau pour s’engager pour les êtres humains, créés à l’image de Dieu, à cause de leur dignité et pour la promouvoir, ne pouvait être que le fruit d’un discernement profond à la lumière de l’Evangile du Royaume de Dieu. C’est une expérience spirituelle qui inspire une praxis

    Nous nous recevons d’un autre : Le Dieu de la Vie en Jésus-Christ.

    Nous nous recevons de Dieu et nous sommes un don de l’Esprit Saint pour le monde. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis, établis et envoyés … » (Jn 15,16ss) Chacun de nous, depuis notre fondateur, a accueilli la mission comme sa vocation et s’est mis à l’œuvre en devenant un pèlerin proclamant l’Amour du Père pour les plus petits avec lesquels Jésus, le Pèlerin du Père s’identifie. « Nous sommes envoyés aux nations pour annoncer la Bonne Nouvelle où notre présence missionnaire est la plus nécessaire, spécialement où l’Evangile n’est pas connu ou vécu. » (Const. Art.2) C’est ce qui fait de nous des Pèlerins de l’Espérance.

    Originaires de différents coins du monde

    Comme un peuple en marche, depuis nos origines et sous la conduite de l’Esprit du Père, avec Théophile Verbist et ses compagnons nous nous accueillons les uns les autres, comme un « don mutuel » et nous nous découvrons « espérance les uns pour les autres » pour ce grand pèlerinage d’Espérance vers le Royaume où nous vivrons la fraternité universelle : voilà ce que nous voulons semer tout au long du chemin. « Nous quittons notre pays pour proclamer le salut comme le grand don de Dieu qui libère de toute oppression et division. A la suite de Jésus, nous nous adressons de préférence aux pauvres, destinataires privilégiés du Royaume de Dieu. Missionnaires religieux de différentes races et cultures, nous vivons et travaillons ensemble comme des frères. « Un seul cœur et une seule âme », nous témoignons de la fraternité universelle dans le Christ voulue par le Père. » (Const. Art. 2)

    En vue de donner l’espérance

    Quitter, partir, assumer ensemble la marche de l’espérance, c’est redécouvrir la force de la solidarité, la force de l’unité dans la diversité pour le salut de toute personne, image de Dieu, et pour construire un peuple où les opprimés et les pauvres ont leur place. Pour partir, quitter, marcher, il faut être animé de l’espérance, c’est elle qui est à la base de toute organisation, et de toute mobilisation en vue de l’engagement avec les plus petits afin de conquérir la vraie liberté des enfants de Dieu.

    Appelés à cheminer ensemble vers l’Autre

    La conscience d’être ensemble en chemin, avec les ambiguïtés de nos réponses et nos concessions, exige la conversion, pour voir le Maître vivant dans le frère que je côtoie. Comme Pierre au chant du coq au soir du reniement. (Jn 18, 25-27 ; Mt 26, 71-75 ; Mc 14, 69-72 ; Lc 22, 58-62), il faut avoir le courage de confesser ses reniements, ses lenteurs dans la marche, ses distractions et ses refus d’accueillir l’autre et même de lui pardonner. En effet, il n’est pas facile de respecter un confrère qui, pour des raisons de faiblesse ou d’une relation mal gérée est tombé. Facilement je le condamne « corban, impur, infréquentable ! » Nous nous permettons ce procès sans voir la poutre qui est dans notre propre œil ! (Lc 6, 42) La conscience d’être en chemin nous révèle alors notre cécité. C’est en nous ouvrant à Celui qui nous pardonne, sans attendre que le pardon soit demandé, que nous pouvons recommencer la marche dans la confiance – s’abandonner au Seigneur qui redonne l’audace d’oser encore et toujours, convaincu que le Royaume est encore à faire. Là nous rejoignons notre petite Docteure de l’Eglise, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus qui savait qu’elle était comme un petit oiseau à la recherche de son astre lumineux, tombant dans la distraction et dans la recherche de petits vers de terre, mais qui confesse ses distractions pour reprendre son vol, à l’apparition de son Astre (Jésus),. (Ms B. 68-70)

    A l’écoute de l’hôte intérieur

    Permettez-moi une confidence. Lorsque je fus appelé à partir ailleurs, à changer de mission, je partis d’abord pour un temps sabbatique à Barcelone, ensuite je fus nommé pour une mission rurale au Kasayi à Cilomba. C’est alors qu’un de mes amis, qui ne jugeait pas notre vie à la lumière de la foi, m’interpella : « mais Pedro, que vas-tu faire dans ce village, ce n’est pas possible ! » Et, un confrère qui n’est plus avec nous aujourd’hui dans l’aventure missionnaire, me reprit en disant : « tu ne dois quand-même pas tout accepter ! » Je me rendis compte qu’il est difficile de sortir, de marcher, de répondre à la mission qui est proposée (Mc 16, 15) sans être présent à soi, afin de vivre du dedans et de découvrir une nouvelle profondeur de vie dans une démarche d’espérance ! Je compris qu’il fallait m’insérer dans la dynamique de la présence avec grand courage et une liberté intérieure, en me mettant à l’écoute attentive de Dieu qui chemine à mes côtés. (Ps 127 ; 131) Car celui qui appelle, qui envoie, c’est lui qui invite à la marche. Il est avec nous en chemin, il nous devance dans la mission et il a un message que j’ai à transmettre fidèlement : l’Espérance d’un Royaume universel, avec une préférence pour les plus petits, les ignorés de l’histoire. Je répondis, après un silence, que Jésus m’avait devancé depuis des siècles et que j’allais à la rencontre de frères et de sœurs. (Ga 3, 26-28)


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    Avoir le courage de s’auto-décentrer

    « Nous quittons… », nous sortons, nous partons, nous marchons ensemble dans l’Espérance, « nous participons au même engagement collectif » (Const. Art 3). Quitter devient un appel à un « partir plus intérieur » : laisser nos ambiguïtés et nos concessions. C’est un appel à s’auto-décentrer, cesser de se regarder comme centre de l’histoire ; un appel à partir des bords vers les profondeurs de soi. C’est le « Duc in altum » (Lc 5,1-11). En fait, je me rendis encore compte que Dieu n’a jamais varié ni changé dans sa relation avec l’humanité en pèlerinage, c’est nous qui varions dans notre relation avec Lui.

    Comme Israël nous avons également à découvrir nos esclavages dans toutes les concessions que nous faisons. Nous avons à découvrir nos relation ratées dans la vie fraternelle. Où avons-nous tué la fraternité universelle et avec quoi ? Quitter, marcher ensemble dans l’espérance nous demande aussi d’ouvrir les yeux pour nous voir en marche avec les autres vers Celui qui réalise sa promesse, Jésus le Fils de Dieu. Cet élan intérieur devient une force de lucidité et de vérité pour découvrir la résistance à transmettre à mon tour la gratuité de l’amour et de l’accueil. Car il y a urgence d’action-engagement qui libère et peut construire une humanité nouvelle par une action solidaire. (Const ; arts 8 ;9 ;10)

    Nécessité de faire l’expérience personnelle de Jésus Christ

    Marcher dans l’Espérance et se maintenir heureux dans cette marche demande que j’aie une connaissance certaine, pratique et pleine d’empathie pour Jésus Christ. Une connaissance jamais achevée, qui est le résultat toujours inachevé d’une rencontre personnelle, dialoguée et amoureuse avec un Dieu personnel, relationnel, transcendant et communicatif. C’est à travers cela que je peux vivre l’expérience d’Abraham, de Moïse et de Marie avec les yeux de la foi, dans un regard intérieur. C’est arriver à vivre la contemplation de l’Autre dans l’eucharistie, dans le Saint Sacrement, dans la Parole, dans les mystères du Rosaire et au même moment dans les pauvres, dans les différentes classes sociales, dans les ignorés de l’histoire. Je pourrai alors transcender toutes ces différences.


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    Vivre dans une présence permanente

    Malgré les imprévus et les risques du chemin, Il est une présence qui, de façon permanente, rend possible (Lc 1, 37), précède et accompagne l’exode de l’humanité, de l’Eglise et de tout croyant,. C’est une rencontre qui modifie et perturbe la première vision que le pèlerin avait de lui-même, des réalités du monde, des événements de l’histoire et de sa propre vie, mais aussi sa façon de se comporter dans la vie quotidienne et d’entrer en relation avec le monde. C’est cette rencontre qui est le début d’un apprentissage jamais achevé, à vivre, sentir, et se convertir. Dieu est-il passé dans ta vie ? C’est la condition de t’inscrire dans la marche de l’Espérance. Voici un horizon ouvert en permanence et toujours nouveau d’un voyage jamais achevé : le mystère de Dieu est profond et insondable et ses pensées impénétrables. (Is 55,6ss)

    Marcher dans l’Espérance c’est un refus de chercher le vivant parmi les morts

    À un certain moment je me suis dit : « je ne changerai plus de communauté ; celle-ci, c’est ma dernière communauté ! » Oui, mais en faisant l’expérience de cette présence mystique d’un Dieu toujours appelant à un nouveau départ, insondable dans ses pensées, je commençai à percevoir de loin, l’appel certain de continuer mon exode avec Jésus. Un peu dérangeant et pas aisé à vivre, car j’étais tenté de m’installer ! Mais j’entrevoyai l’ombre d’un exode physique, géographique ; mais encore plus intérieur qui viendrait briser mes goûts pour en redonner d’autres. C’est comme arriver à goûter avec Jésus le vinaigre, pour voir s’ouvrir au-dedans de moi, la source intarissable du miel de la mobilité et arriver à percevoir que c’est beau d’être libre pour continuer la route. Arrêter la marche serait mourir, car Lui ne serait plus là. Il est ressuscité et appelle à continuer la marche avec lui. Il ne juge pas, il aime et supplie de marcher avec Lui pour annoncer l’Espérance. Il faut se laisser regarder par Jésus : lever les yeux pour le voir sur la croix et se laisser regarder. Et l’entendre te dire son Amour et son désir de te passer son héritage afin de le transmettre à d’autres. Alors il faut cesser de se regarder soi-même plus que Jésus vivant dans les petits, ressuscité et victorieux. La suite de la mission de Jésus devient la possibilité joyeuse de l’impossible.

    Urgence de communautés missionnaires témoins de l’espérance

    Nous avons besoin de ces communautés des missionnaires, de pèlerins de l’espérance, qui savent célébrer leur espérance, parce qu’elles ont l’expérience du Ressuscité et chantent les chants de la fête finale du triomphe, tout en cheminant. Leurs membres apprennent à s’accueillir comme des pécheurs appelés à la conversion permanente, qui quittent l’ego, dépassent l’impasse des fausses solidarités construites sur des calculs humains, et désirent l’élan qui conduit à la vraie solidarité. C’est l’Esprit qui guide la marche de croissance et d’espérance de vie que seul le Ressuscité sait donner. Nous avons besoin de communautés, semences d’espérance pour l’humanité des derniers temps de l’histoire, engagées dans la construction d’un monde plus juste et fraternel, qui renoncent à toute manipulation et tout égoïsme qui bafoue la personne humaine, image de Dieu.

    Avec la Mère du Chemin, la Mère du Verbe Incarné

    CICM, nous sommes fils de Marie. Elle ne nous est pourtant pas automatiquement donnée ! C’est lorsque nous découvrons la place de la Mère du Verbe Incarné, la Sainte Vierge Marie, Mère du « Chemin », Mère du « Pain de Vie », que nous arrivons à avoir recours à elle pour qu’elle nous initie et nous apprenne à devenir de vrais disciples et des pèlerins de l’Espérance. Elle l’a porté en son sein, elle l’a nourri, elle l’a offert au monde, elle l’a accompagné dans la mission et fut sa première disciple. Elle a cru et sa joie s’est faite action pour changer le cours de l’histoire.

    Mère du « Pain de vie », prie pour et avec nous, maintenant et à l’heure de notre mort. (Const. Art. 16)


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    L’espérance: « le passé est l’avenir! »

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    Antonius Harnoko

    Antonius Harnoko, cicm
    Missionnaire au Japon

     

    En janvier dernier, pendant ma période taïwanaise, j'ai ressenti le besoin de prendre une journée de repos bienfaisant. Je suis allé me promener dans le National Taiwan Museum (NTM), qui est magnifiquement niché dans le cadre paisible du 228 Peace Memorial Park, une oasis de tranquillité à quelques pas de notre maison provinciale dans le cœur animé de Taipei. Le NTM, un modèle du patrimoine culturel de Taïwan depuis sa création en 1908, est le plus ancien musée du pays, et, entrer dans ses grands halls donne l'impression d'entrer dans une capsule contenant l’histoire. En traversant les galeries spacieuses, un sentiment d'émerveillement m'a envahi lorsque j'ai découvert la diversité captivante des différentes expositions. Les trésors archéologiques et l’étalage des richesses culturelles en disent long sur l'histoire multiforme de Taïwan, intimement liée plus largement à l’histoire de l’Asie. L'influence de pays voisins tels que les Philippines et l'Indonésie se manifeste à travers les objets d’art, et crée un ensemble harmonieux qui constitue l'identité de Taïwan. Alors que je me promenais tranquillement d'une salle à l'autre, une modeste pancarte a attiré mon attention, discrètement positionnée dans un coin tranquille du musée. Elle portait les élégants caractères chinois 過去的未來, se traduisant par « le passé est l’avenir ». Le message a touché une corde sensible en moi, suscitant une profonde réflexion. Les musées servent de passerelles vers le passé, nous guident à travers des couloirs historiques et nous obligent à réfléchir à notre état présent et à envisager nos possibilités futures. Je suis resté silencieux pendant quelques instants, absorbant la pertinence de la pancarte et laissant sa sagesse m'envahir. C'est si simple, mais si profond.


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    À l'approche de 2025, je me suis retrouvé pleinement engagé dans un effort de collaboration avec les membres de mon gouvernement provincial, pour examiner et mettre à jour nos statuts provinciaux. Ce travail méticuleux nous a obligés à nous plonger profondément dans le riche ensemble de nos propres documents CICM et de l'Église. Il a révélé leur complexité et leur profondeur. La contribution des confrères de divers districts et communautés a insufflé de nouvelles perspectives, transformant nos documents en documents dynamiques de notre tradition et de notre mission pour l’avenir.

    En réfléchissant à notre voyage commun, nous qui embrassons publiquement la vie religieuse, nous pourrions facilement négliger ce devoir sacré de vivre notre engagement selon la Bible et nos documents fondamentaux. Ces textes précieux sont souvent relégués sur des étagères poussiéreuses, intacts et oubliés. Une idée fausse et persistante s’est faite jour : notre relation avec ces documents se termine lorsque nous prononçons nos vœux perpétuels ou lorsque nous sommes ordonnés prêtres. Pourtant, la vie active de Jésus décrite dans les Évangiles, la sagesse partagée par nos ancêtres et les meilleures pratiques enchâssées dans nos textes fondateurs sont une invitation à les revisiter et à les assimiler en vue de notre voyage spirituel.

    Du 19 au 27 février, j'ai eu la chance de participer à une session de « formation à la collaboration » pour le gouvernement provincial de la RP et de l'ASI. Cet événement a été guidé par notre Supérieur général, le P. Charles Phukuta, assisté du P. Peter Koh, notre Econome Provincial. Dans le cadre paisible de Maryshore à Bacolod City, les sept jours ont été bien remplis de dialogues enrichissants. Nous nous sommes profondément engagés dans la richesse contenue dans nos documents CICM, et la diversité des échanges, associés au partage franc de chaque confrère, a transformé notre étude en un profond voyage de découverte mutuelle. Tout au long de la semaine, j'ai été frappé par cette révélation que revisiter notre histoire à travers le prisme de ces documents n'était pas simplement un exercice académique : c'est devenu un acte sacré de renouveau spirituel et évangélique, réaffirmant notre identité de missionnaires religieux. Plus je m'immergeais dans les textes et m'imprégnais des expériences partagées par mes confrères, de moments de joie mêlés de défis, plus je me sentais capable d'aller de l'avant malgré mon propre sentiment de ne pas vivre toujours en accord avec ces textes.


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    L'un de mes récits évangéliques les plus chers est l'expérience d'Emmaüs. Dans ce passage, alors que les disciples entament leur voyage vers la plaine, la présence intense de Jésus, ainsi que ses paroles convaincantes, ont illuminé leur chemin, en ces moments sombres qu’ils vivaient. Dans leur combat intérieur, Jésus est devenu source d'illumination, les exhortant à retrouver l’espoir. J'ai réalisé que notre passé n'a pas besoin de devenir un musée sans vie rempli de regrets. Au contraire, revisiter notre histoire peut ouvrir la voie à l'accueil de nouvelles possibilités qui s'offrent à nous. L'expérience d’Emmaüs incarne véritablement l'essence de cette année jubilaire : Pèlerins de l'espérance.

    Alors que nous entamons un nouveau chapitre dans la vie de nos provinces avec un nouveau gouvernement provincial dans la province d'Asie, je peux réfléchir une fois de plus à la sagesse contenue dans cette petite pancarte à la NTM. Ces pensées accompagnèrent une prière silencieuse de gratitude. Je suis profondément reconnaissant envers Dieu pour les innombrables bénédictions de ces dernières années. Chaque expérience, qu'elle soit précieusement documentée ou qu'elle soit imprégnée dans le fond de ma mémoire, fournit des informations inestimables qui peuvent façonner nos réflexions pour aujourd’hui et nos aspirations pour l'avenir. En effet, notre espérance grandit dans la perspective que le passé est comme une lumière qui guide et qui éclaire les chemins qui s'offrent à nous.


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