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    Ceux qui nous ont quittés

    L’union fait la force: situation financière de CICM-LAC

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    Prosper Ngassa

    Prosper Ngassa, cicm
    Missionnaire au Mexique

     

    Il y a quelques années, les finances ne faisaient pas partie de nos préoccupations majeures dans la province. Aujourd’hui, nous vivons le contraire. En voici les raisons : nos demandes pour la subsistance et l’ad extra, de plus en plus galopantes d’année en année, et par contre les contributions des paroisses sont à la baisse. Cette dernière est due entre autres, à la diminution du nombre de confrères européens dont les pensions, provenant des gouvernements de leur pays d’origine, sont considérées comme une contribution à la province.

    Nous pouvons également constater que nous ne parvenons pas à nous accorder sur les priorités de la mission, en tenant compte de nos moyens financiers. Enfin, il existe encore des discussions entre nous relatives à l’importance de la mise en commun de nos biens, alors que c’est le moyen le plus sûr pour notre protection individuelle et collective, et qu’elle ouvre à de nouvelles opportunités. D’où la réflexion du moment : n’est-il pas venu le temps de changer nos habitudes, quoi qu’il en coûte ?

    Depuis le noviciat, et soutenu par nos Constitutions CICM, notre maître des novices rappelait sans cesse que tout ce que nous possédons est en réalité un don de Dieu. En conséquence, nous sommes invités à une gestion humble et reconnaissante de nos ressources, sachant qu’elles ne sont pas le fruit de nos seuls efforts, mais le reflet de la grâce de Dieu (cf. Dt 8,18). Faisons objectivement un diagnostic :

    1. DISTRICT DU MEXIQUE

    Commençons par le district du Mexique : le Mexique est un district financièrement autosuffisant, dû, à mon avis, à deux facteurs qui s’impliquent mutuellement : un style de vie simple (toutes les communautés ont des cuisinières à temps partiel pour réduire les dépenses, par exemple) et la solidarité entre les paroisses face aux besoins urgents (les paroisses se soutiennent mutuellement sans faire appel à la province, bien qu’elles en aient le droit).

    Une des décisions prises en assemblée de district a été que chaque paroisse verse l’équivalent de 102 USD par confrère et par mois comme contribution à la province. Jusqu’à présent, certaines paroisses ne s’en sont pas encore acquittées, alors que la province en a besoin pour faire face au problème de liquidités. Il n’est pas inutile de rappeler que ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent, au vu des rapports financiers des paroisses. Le Mexique a contribué en USD à hauteur de 5908 en 2022, 4674 en 2023 et 10695 en 2024. Quelle sera sa contribution en 2025 ?


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    2. DISTRICT DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

    Quant au district de la République Dominicaine, le GP a longtemps insisté sur l’autofinancement des paroisses et leurs contributions financières pour les activités de la province. Il y a eu un grand effort ; car nous sommes passés des paroisses dépendantes des subsides de la province à l’autosuffisance pour la majorité. Ce qui est à féliciter.

    Il demeure néanmoins vrai que nous ralentissons le pas quant à la contribution à la province, alors que nos rapports financiers prouvent que nous en avons les moyens. Pour être plus concret, et surtout avec votre permission, nous sommes passés d’une contribution financière à la province en USD de 2938 en 2022 à 4460 en 2023, puis 556 en 2024. Qu’est-ce qui justifierait cette diminution, j’allais dire cette baisse considérable ?

    3. DISTRICT DU BRÉSIL

    Parlant du district du Brésil, les habitudes sont en train de changer, même si nous ne sommes pas encore au top avec la plupart des confrères. Bien qu’ayant adhéré à la décision prise en assemblée, laquelle consistait à donner un pourcentage des salaires à la province, certains ne s’y sont pas encore habitués malgré l’insistance du GP.

    D’où proviendrait le problème ? Du manque de moyens ? Certainement pas, puisque c’est un salaire fixe qui est versé chaque mois par la paroisse aux confrères, qu’ils soient curé ou vicaire. Il n’y a nul doute que le district du Brésil allégerait le problème de liquidité si chaque confrère acceptait cet élan de solidarité.

    Nous pouvons déjà constater que la contribution était en USD de 20848 en 2022, 20814 en 2023, puis 20686 en 2024. Ces montants ne traduisent-ils pas le fait que seuls les mêmes confrères contribuent ?


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    4. DISTRICT DU GUATEMALA

    Allons au district du Guatemala où l’effort est en train d’être fait pour un autofinancement total et définitif des paroisses, même si nous rencontrons çà et là quelques résistances. Une chose demeure visible chez les confrères : le grand souci missionnaire et la préoccupation de couvrir quelques points importants, parmi lesquels la formation, les constructions et les célébrations.

    Cependant, ne pouvons-nous pas faire la mission autrement, en tenant compte de nos limites ? J’entends par "autrement" la sélection de nos priorités, sachant que la plus belle femme du monde ne donne que ce qu’elle a et ne peut s’endetter continuellement pour couvrir tous ses besoins. Dans ce cas, elle passerait toute sa vie dans le stress au point de vouloir se suicider.

    Au regard de ce qui précède, la contribution des paroisses reste un grand défi pour le district : 1447 en 2022, 526 en 2023 et 3900 en 2024. L’animation des confrères reste l’élément clé pour qu’il y ait de la générosité et un partage volontaire de nos ressources avec la province. N’est-ce pas ce à quoi nous invite saint Paul dans 2 Co 9,7 lorsqu’il affirme que « Dieu aime celui qui donne avec joie » ?


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    5. DISTRICT DE HAÏTI

    Le district de Haïti vit certainement un des moments les plus difficiles de son histoire. Ce qui engendre, comme conséquence, le questionnement de la part des confrères du district : « Qu’avons-nous fait pour mériter ça ? »

    La province fait des efforts pour répondre aux besoins urgents du district, notamment pour la subsistance des confrères. Le manque de liquidités fait en sorte que nous ne pouvons pas toujours répondre favorablement aux demandes qui sont faites, au risque de finir par avoir des difficultés à couvrir la subsistance de tous en LAC, ce qui demeure une priorité pour la congrégation.

    Lorsqu’on regarde les rapports financiers du district, du moins ceux de 2022 à 2024, on ne peut relever nulle part une contribution à la province. La raison serait la situation critique du pays. La vie met sur nos chemins des épreuves plus ou moins pénibles à surmonter, mais qui nous donnent en même temps la chance d’évoluer et d’en tirer des enseignements.

    Nous ne sommes pas les propriétaires du district. Seule la gérance nous en a été confiée. Le Seigneur nous a donné sa confiance en espérant que nous allons en faire bon usage (Lc 16,1-8). Soyons unis pour cette cause commune.

    Pour terminer, chers confrères, l’administration financière de notre province requiert une régulation collective et responsable. Une récente lettre de l’économe général nous invitait déjà à prendre des précautions pour ne pas plonger la province dans une grande crise, au regard du contexte politique actuel de notre monde.

    Comment allons-nous y parvenir ? J’entrevois pour l’instant trois possibilités, avec un préalable :

    Préalable : quels que soient les dons que nous recevons et qui sont mis à notre disposition, nous devrions reconnaître que nous n’en sommes pas les propriétaires, mais plutôt les gérants (Mt 25,14-30). Si nous nous considérons comme les seuls maîtres des biens, alors il est facile de ne rendre des comptes qu’à nous-mêmes et de passer l’éponge sur notre infidélité et nos mauvaises pratiques quant à la gestion de ces biens matériels.

    1.          Augmenter nos contributions à la province pour parer partiellement au problème de liquidité. Pour cela, sachant que nos contributions sont déjà un acquis, nous pourrions mettre dans toutes nos paroisses, si nous le voulons, une caisse dédiée à la mission CICM.

    2.          Élaborer une liste avec numéro de téléphone des bienfaiteurs/parrains de la mission CICM-LAC au niveau de nos districts. À ces personnes, nous pourrions demander du soutien spirituel et financier, qui servirait au bien de la province.

    3.          Réviser nos priorités en fonction de nos moyens financiers. Car nous ne pouvons pas dépenser ce que nous n’avons pas. Certains réclament l’argent de leurs PTA, projets et autres, sans se rendre compte que la province ne peut offrir que des subsides mais n’est pas toujours en mesure de répondre positivement aux sollicitations des confrères.

    Allons-nous continuer ainsi ? Quand et comment allons-nous rembourser l’argent des PTA et projets des confrères que nous avons utilisé comme subsides ?

    L’union fait la force.

     CHRO 4 2025 P131