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    Ceux qui nous ont quittés

    La mission en BNL: Un chemin de foi, de persévérance et d’espérance

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    Martin Mvibudulu

    Martin Mvibudulu M., cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    Il y a 20 ans la province BNL comptait encore plus de 250 membres dont la grande majorité était dans la soixantaine et même la cinquantaine. On pouvait encore compter 12 maisons-CICM dont 8 en Flandre, 3 en Wallonie et 1 en Hollande. Il y avait seulement 7 confrères non-Européens (tous congolais) travaillant en Wallonie (3) et en Flandre (4). À l'époque, un seul laïc jouait un rôle de premier plan dans la gestion de nos maisons.

    Aujourd'hui, la situation est complètement différente. Le nombre des confrères (140) et des maisons-CICM (5) a sensiblement diminué. Plus aucune maison en Wallonie, la présence des 2 nouvelles petites communautés internationales avec des nouveaux projets missionnaires (sans compter celle d’Oostende qui doit démarrer dans les prochaines semaines), une plus grande présence des confrères non-Européens (20) et des laïcs dans l'administration…

    Il y a quelques années, certains confrères s'interrogeaient sur l'avenir de la Province BNL. Grâce à l'arrivée de plusieurs confrères de pays non européens, nous pouvons à nouveau rêver, mais rêver dans son coin ne suffit pas. Il faut encore travailler pour faire du rêve une réalité. Le nombre croissant de confrères non-Européens dans la province donne à la BNL une nouvelle image. BNL est devenue une vraie province de mission. Elle n'est plus principalement une province de base d'où partent les missionnaires et où les missionnaires plus âgés viennent se reposer. L’évolution des dix dernières années présente des vraies raisons de croire et d’espérer un meilleur avenir de la mission en Europe. C’est la raison pour laquelle nous écrivons cet article.

    Nous profitons de la célébration de cette année jubilaire que le pape François a placée sous le signe de l’espérance pour partager à travers ces quelques lignes les signes visibles de l’espérance dans notre province. Signes qui n’auraient pas pu voir le jour sans la foi de quelques confrères – dont certains sont peut-être déjà partis auprès du Père -, sans la persévérance du « petit reste » des confrères non-Européens, - qui ont tenu bon dans les moments difficiles -, et enfin rien n’aurait été possible sans le courage et la détermination des gouvernements provinciaux de la dernière décennie, qui ont de nouveau ouvert aux jeunes confrères les portes de la mission en BNL.

    Actuellement BNL n’accepte des engagements missionnaires dans les diocèses qu’à la demande de ceux-ci : des discussions ont eu lieu et continuent entre le gouvernement provincial et les diocèses. Les engagements pastoraux et les nominations sont fixés dans des contrats entre la Province et les diocèses. Les confrères actifs sont principalement engagés dans les nouveaux projets missionnaires, tandis que la plupart des confrères plus âgés vivent ensemble dans des communautés plus grandes. Là où bon nombre de confrères actifs vivaient seuls, le choix se porte désormais sur le travail en équipe et la vie en communauté. Cela présente de nombreux avantages. Néanmoins, la vie communautaire reste un défi pour tous, mais c'est une « mission » pour nous, comme le stipulent les derniers chapitres généraux. Le fait que les confrères de BNL viennent de quatre continents et de huit pays différents est un enrichissement, mais reste un défi. C'est aussi une nouvelle réalité.

    1.          Une vision missionnaire renouvelée

    L’accent est désormais mis sur notre manière d’être présents dans la société et l’Église d’Europe. Nous voulons y être présents, non pas en tant qu’individus mais en tant que communauté religieuse et internationale. Voilà donc le premier témoignage de notre mission en BNL. Après plusieurs années de réflexions et d’échanges entre les confrères et les gouvernements provinciaux, la déclaration suivante a été retenue comme texte inspirateur de notre activité et notre présence missionnaires en Europe :

    « Nous sommes une communauté de missionnaires Scheutistes. Partant d’une vision missionnaire et en tant que religieux venant de cultures différentes, vivant en petites communautés multiculturelles, nous voulons être présents dans des milieux culturellement divers comme du levain dans la pâte. Nous voulons ainsi rendre le témoignage qu’il est possible de vivre et de travailler ensemble. Partant d’une vision pastorale renouvelée nous sommes au service surtout des personnes en marge de la société. Par des initiatives locales nous voulons tisser des liens entre les personnes, en dépassant les différences de cultures et de religions. Nous le faisons de préférence en collaboration avec des partenaires et des animateurs dans des structures existantes. Étant un petit groupe de confrères actifs sur le terrain nous sommes unis aux confrères plus âgés dans nos communautés et ailleurs. Notre engagement est également porté et encouragé par eux. Ainsi nous, les anciens et les plus jeunes, restons tous ensemble fidèles à l’esprit du « Cor unum et anima una », un seul cœur et un seul esprit » (Extrait du Rapport du GP BNL du 25 mars 2019). Cette déclaration est notre vision commune.

    2.          La vie communautaire : premier témoignage de notre mission

    Dans la société occidentale où nous sommes appelés à vivre notre engagement religieux et missionnaire, l’Église, la foi en Jésus Christ et la religion en général ne connaissent plus l’adhésion populaire qu’elles ont connue autrefois. Notre terre de mission est cette Europe sécularisée. A partir de là nous sommes en droit de nous demander : quel message de l’Évangile pouvons-nous apporter aujourd’hui à cette société ? Rappelons-nous l’étonnement des païens au début du christianisme, en voyant comment la première communauté chrétienne vivait en communion de cœur et d’esprit. Tertullien, un des premiers écrivains chrétiens, rapportera ce que l’on disait des chrétiens en ces termes : « Voyez comme ils s’aiment !». Jésus l’avait recommandé à ses apôtres : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13,34-35).

    En vivant en communion fraternelle les uns avec les autres, en communauté de vie ou de référence, en travaillant en harmonie comme frères de différentes cultures, langues, races et nations, nous voulons susciter auprès de nos contemporains la curiosité et l’étonnement pour rendre témoignage au Christ qui nous a envoyés. Par ce témoignage nous voulons contribuer à l’avènement du Royaume de Dieu parmi nous : Royaume de justice, de paix et d’amour. Nos communautés multiculturelles et internationales deviennent en ce sens des signes visibles du Règne de Dieu. Des signes auxquels nul ne peut rester indifférent même dans une Europe sécularisée, où les libertés individuelles prennent souvent le dessus sur les communautés. C’est pourquoi nos communautés de vie doivent être notre première mission.


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    3.          Nos engagements inspirés par notre vision commune

    En étroite collaboration avec l’Église locale et à la demande des évêques, nous acceptons des engagements pastoraux et missionnaires dans divers secteurs : paroisses, aumônerie des maisons de retraite, des prisons, des hôpitaux, accompagnement des sans-abris, des immigrés et réfugiés, dialogue interreligieux … Nous exerçons les tâches qui nous sont confiées dans l’esprit de notre vision commune. C’est-à-dire en communion avec tous les confrères de la province, et plus particulièrement ceux de notre communauté de référence si les circonstances nous obligent à vivre seuls. Nous suivons la politique de la province en cette matière. C’est pourquoi chaque confrère qui est appelé à une responsabilité pastorale ou missionnaire en dehors d’une communauté religieuse cicm doit être lié à une communauté cicm de référence qui lui garantit cette communion fraternelle avec les confrères.

    4.          Quelques signes visibles de notre projet missionnaire

    4.1.       Des petites communautés religieuses internationales dans des grandes villes qui concrétisent nos projets missionnaires actuels et à venir, en réponse aux demandes spécifiques de l’Eglise locale :

    CICM-ICM à Malines


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    --- Communauté ICM-CICM à Malines : de gauche à droite (Jerry-Jr. Senapai, Sr. Elizel, Jean Poulard Espady, Sr. Berlaine, et Sr. Jeya) ---

     

    Inspirés par l’article 8 de nos Constitutions qui nous invite à toujours chercher à « collaborer avec les autres instituts et organismes missionnaires, et avec tous ceux qui travaillent à la croissance du Royaume de Dieu », nous avons accepté cette présence missionnaire, à la demande de l’Eglise locale de la ville de Malines. Nous n’avons pas voulu y répondre seuls mais ensemble avec les sœurs icm, dont nous avons apprécié l’enthousiasme missionnaire en nous rejoignant pour répondre à cet appel. En effet, comme nous pouvons le lire dans nos Constitutions : « une association particulière unit notre Institut et celui des sœurs missionnaires du Cœur Immaculé de Marie en vue d’une aide mutuelle dans le travail missionnaire, chaque fois que cela est possible. Nous sommes cependant juridiquement et financièrement indépendants » (Const. 8.1). Plusieurs raisons ont poussé le vicariat du Brabant-Flamand à demander des missionnaires à nos deux congrégations CICM-ICM pour ce projet missionnaire commun, parmi lesquelles : la forte sécularisation de la société belge, la forte religiosité (sous diverses formes) dans cette ville, le besoin de donner aux missionnaires l'espace et le temps nécessaire pour rechercher de manière créative, de nouvelles formes de présence missionnaire et être des pionniers dans ce sens.

    Pour répondre aux différents besoins et défis missionnaires ici exprimés, deux communautés internationales de missionnaires se sont installées à Malines : la communauté cicm (aujourd’hui) avec deux membres, l’un de nationalité haïtienne et l’autre de nationalité centrafricaine (à l’origine avec un troisième confrère Belge) et la communauté icm constituée de trois membres l’une de nationalité congolaise, l’autre philippine et la troisième indienne. Les deux équipes se complètent et travaillent ensemble dans leurs engagements missionnaires et pastoraux.

    CICM à Deurne

    Deurne est une commune située au nord-Est de la ville d’Anvers. Elle est particulièrement connue pour sa grande concentration de communautés musulmanes et sa multiculturalité. L’évêque d’Anvers a demandé à notre congrégation d’assurer une présence missionnaire dans cette unité pastorale de son diocèse. Plus explicitement il a voulu une communauté religieuse internationale à laquelle il confierait des charges pastorales et missionnaires pour accompagner, animer et inspirer le peuple de Dieu dans la grande ville d’Anvers.

    C’est pour cette raison que depuis 2016 Scheut a répondu favorablement à cet appel avec la création de la communauté internationale de Deurne, formée aujourd’hui par trois confrères d’origine brésilienne, congolaise et indonésienne. Ils sont engagés dans divers secteurs de vie de l’Eglise : paroisse, dialogue interreligieux (avec les musulmans), jeunesse, formation des laïcs…


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    --- Communuatè Internationale CICM de Deurne: de gauche à droite(Pascal Kakenda, Thomas Hendrikus, et Fabio Teixeira) ---

     

    Tout comme à Deurne et à Malines, ce projet a été accepté par Scheut à la demande de l’évêque de Bruges, qui a souhaité l’arrivée à la côte Belge d’une communauté CICM internationale pour s’occuper de la pastorale auprès des marins aux ports d’Oostende et de Zeebrugge, des immigrés …et pour s’engager dans la pastorale paroissiale. L’apport des missionnaires peut être de grande importance dans les paroisses d’Oostende, estime l’évêque. C’est pourquoi une équipe de 3 confrères Indonésien, Haïtien et Congolais va bientôt s’installer dans l’unité pastorale d’Oostende, après l’apprentissage du Néerlandais.

    CICM-Oostende-Zeebrugge :

    4.2.       L’intégration des plus jeunes dans les services internes de la province


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    --- De gauche à droite : Germain Nsasi, Yeremias Lakonawa, et Sony Pierre ---

     

    Pour redynamiser nos grandes communautés constituées en grande majorité de confrères très âgés et malades, de plus jeunes confrères y sont nommés (soit comme responsable soit comme résident avec un engagement pastoral en dehors de la communauté) afin d’insuffler un peu de jeunesse dans nos communautés vieillissantes. Il en est de même pour nos commissions provinciales et groupes de travail.

    La commission provinciale des finances :


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    --- La commission provinciale des finances : De gauche à droite (Thomas Hendrikus, Yeremias Lakonawa, Marc Vandermeiren, Jef Matton, et Germain Nsasi Yengo) ---

     

    La rencontre annuelle des plus jeunes confrères (actifs) du 1er mai 2025


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    Comme vous pouvez le constater à travers ces images, BNL dégage aujourd’hui une certaine fraicheur, un vent nouveau et une dynamique nouvelle. C’est ce qui nous donne de continuer à rêver, dans la foi et l’espérance, d’un avenir meilleur pour la mission en Europe.