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Missionnaire aujourd’hui, c’est dépassé ?

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In the frontlinePar Jan Reynebeau, cicm

 

Interview du Père Jan Reynebeau, Supérieur provincial de BNL qui encourage fortement les trois «jeunes» Scheutistes, venus de l’étranger et installés à Anvers depuis 3 ans et prépare actuellement l’insertion d’une nouvelle communauté de trois autres trentenaires Scheutistes venus de Haïti, Indonésie et République Centre Afrique dans Scheut en Famille, 2e trimestre 2020

 

Pour convertir?

Quand nos anciens partaient en Mission dans le temps, c’était pour faire connaître Jésus, construire l’Église et travailler au développement, puisque dans la mentalité de l’époque ils pensaient être supérieurs aux autres par leur savoir-faire, leur culture,…

Aujourd’hui le monde devenu un grand village, non seulement parce qu’on se déplace facilement, mais surtout parce que les informations, les idées, les valeurs et les coutumes se partagent de plus en plus, ce qui nous oblige à changer et changer ensemble. C’est pour cela qu’il est bénéfique pour tous que certaines valeurs soient véhiculées à travers des petites communautés qui, à la fois, les diffusent, mais aussi qui les assimilent. Ces petites communautés dans le monde sont comme une bouffée d’oxygène : composées de personnes de cultures différentes, elles aèrent les lieux où elles sont implantées tout en évoluant elles-mêmes.

Et Dieu dans tout ça?

C’est évidemment l’Évangile qui ouvre ces missionnaires à d’autres cultures, et ils y croisent d’autres manières de rencontrer Dieu, en s’enrichissant de pratiques religieuses différentes. Ils espèrent enrichir également leurs amis par leurs propres pratiques. Ils le feront aussi en suivant l’exemple de Jésus lorsqu’il rencontrait des personnes de son temps. Plus d’une fois, quand il était au Sénégal, Gabi Hénaut s’était entendu dire par des amis musulmans : Gabi Djouf, tu es comme nous, pourquoi ne deviens-tu pas musulman ? Le partage des valeurs et des pratiques religieuses fait partie intégrante de la Mission. Certains aujourd’hui osent affirmer que : Dieu est trop grand pour être enfermé dans une seule religion !

Ces nouveaux, ils vont boucher les trous?

Pour remplacer les curés manquants en Belgique ? Absolument pas ! Sauver ou restaurer l’Église : NON. Leur objectif est de collaborer à construire un monde meilleur, le Royaume de Dieu. Ils le feront par le fait de vivre ensemble alors qu’ils sont de cultures et d’origines fort différentes : être témoins dans une Belgique de plus en plus multiculturelle, de ce qu’un « vivre ensemble » est une grande richesse.

Ils le feront aussi par une attention particulière aux plus abandonnés, celles et ceux qui ne comptent pas ou peu dans notre société : les démunis, les sans- voix, les réfugiés,… Et enfin en prenant des initiatives diverses qui permettront aux personnes de se mettre ensemble, créer la communion, évacuer la peur de l’autre… C’est une possibilité pour eux de rencontrer bien des personnes qui sont, soit éloignées de l’Église, soit totalement indifférentes. Partager avec elles les valeurs communes tout en gardant et/ou enrichissant sa foi personnelle est une vraie tâche missionnaire.

Ils ne seront pas curés?

Dans les circonstances actuelles, ils seront intégrés dans une structure existante : une unité pastorale à Malines, ville multiculturelle. Mais comme ils sont trois, la tâche sera probablement moins lourde à porter, ce qui leur permettra de dépasser les frontières de la pastorale habituelle, et de sortir de l’Église, car c’est là que se trouve une bonne partie des personnes qu’ils doivent atteindre.

On se souvient comment un autre Scheutiste — Paul Hanson — s’était affilié à un groupe colombophile quand il a compris que c’était le hobby de nombreux habitants de sa commune. De plus, ce sera également l’occasion pour la communauté paroissiale de sortir d’elle-même et de rencontrer également d’autres religions.

 

foto2-30-03-22.jpgLes trois « jeunes » Scheutistes, venus de l’étranger et installés à Anvers depuis 3 ans.
Ghislain Toussé (Cameroun), Thomas Hendrikus (Indonésie), Fabio Teixeira (Brésil) [de gauche à droite]