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    De nos Maisons de Formation

    La mission de CICM dans une Mongolie en mutation: défis

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    Matthieu Ndjeok Golimé

    Matthieu Ndjeok Golimé, cicm
    Missionnaire en Mongolie

     

    1. L'ombre de notre propre origine culturelle

    La plupart des missionnaires travaillant en Mongolie viennent de pays aux racines chrétiennes profondes, comme les Philippines, la Corée du Sud, l'Inde, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Kenya et l'Italie. Dans ces pays, l'identité catholique est souvent considérée comme allant de soi et appréciée, parfois même comme un privilège. En ces pays le simple fait de connaître l'appartenance religieuse d'une personne ouvre des portes et mérite le respect. Ce n'est pas le cas en Mongolie, où la société et le gouvernement se méfient de l'identité chrétienne. Les Mongols considèrent le christianisme comme une religion étrangère et n'apprécient pas sa présence. Pour les missionnaires en Mongolie, passer d'un statut social majoritaire à un statut minoritaire est un défi, nécessitant humilité et flexibilité. Dans certains cas, l'œuvre missionnaire doit se limiter à un travail social. Travailler en Mongolie en tant que prêtre se limite parfois à servir simplement en tant qu'assistant social.

    2. Défis linguistiques et culturels

    La langue mongole appartient à la famille des langues Altaïques, qui comprend le turc, le coréen et le japonais. Il a sa propre écriture mais utilise maintenant l'alphabet cyrillique. Elle a une structure complexe avec plusieurs possibilités grammaticales pour indiquer la relation entre les mots. C'est très différent du français, de l'anglais, de l'italien et de l'espagnol, que la plupart d'entre nous connaissent. Apprendre le mongol, surtout à un âge avancé, exige plus de détermination. Certains y parviennent, tandis que d'autres peinent à le maîtriser.

    3. Le climat

    Le climat en Mongolie se caractérise par sa nature extrême, avec d'importantes variations de température entre les saisons. L'hiver est rigoureux et long. Il commence à neiger dès le début du mois de septembre jusqu'à la fin du mois d'avril. Les températures peuvent descendre jusqu'à -40° pendant l'hiver. L'été ne dure que trois mois. Ce n'est que pendant ces trois mois que l’on est libre de se déplacer sans vêtements lourds et libre de voyager dans les banlieues. Oulan-Bator, la capitale, est devenue l'une des villes les plus polluées au monde pendant l'hiver en raison de l'utilisation du charbon par les ménages des banlieues pour chauffer leurs maisons. De nombreux Mongols qui en ont les moyens, en particulier les femmes enceintes et celles qui allaitent, quittent la Mongolie pendant cette période pour la santé de leurs enfants. On a l'impression de vivre au ralenti pendant l'hiver. Vivre dans de telles conditions, en particulier pour ceux d'entre nous qui ont grandi dans des pays chauds, peut être un grand défi pour notre santé mentale et physique.


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    4. Défis administratifs

    Un autre défi majeur auquel sont confrontés les missionnaires en Mongolie est la complexité et la variété des questions relatives aux demandes et au renouvellement des visas. Les restrictions administratives imposées aux Églises et aux organisations internationales sont un exemple de ces défis. Les missionnaires et les travailleurs humanitaires peuvent rencontrer des difficultés pour obtenir ou renouveler leurs visas, ce qui peut compromettre leurs activités et leur présence dans le pays.

    Il y a quelques années, le gouvernement mongol a mis en place un système de quotas. La politique exigeait que les Églises emploient huit ressortissants mongols pour chaque missionnaire étranger, une demande que de nombreux prêtres de paroisse ont eu du mal à satisfaire. Même les ONG sont confrontées au nombre déjà élevé de quatre employés locaux par travailleur étranger. Bien que le système de ces quotas ait été progressivement éliminé, le cadre juridique actuel pose un autre défi des plus lourds. Un paiement annuel d'environ 6 000 dollars est requis pour un visa religieux. Pour les organisations soutenues par la générosité et engagées à privilégier le service plutôt que le profit, cette récente hausse n'est pas simplement un coût supplémentaire, elle devient tout simplement intenable. À cette tension s'ajoute le plafonnement strict qui limite le nombre de visas accordés chaque année aux travailleurs étrangers. En 2025, seuls 600 visas ont été attribués à des organisations non gouvernementales internationales ayant un bureau de représentation en Mongolie. Ce nombre ne présente qu'une augmentation modeste par rapport à 2024 et reste susceptible de changer chaque année. Une telle imprévisibilité augmente le climat d'incertitude, compromettant la durabilité et la stabilité de nos engagements.

    Aujourd'hui, en Mongolie, les conditions de l'œuvre missionnaire sont devenues de plus en plus restrictives, en particulier pour ceux qui n'ont pas de visa religieux. Plusieurs missionnaires, y compris certains de nos confrères, ont été arrêtés simplement pour avoir célébré la messe ou prononcé une homélie dans une propriété de l’Eglise. Après leur détention, ils ont été soumis à des interrogatoires et à des réprimandes officielles avant que leurs documents ne leur soient rendus.

    Cette situation a eu des conséquences durables. Les prêtres qui ne sont pas entrés dans le pays avec un visa religieux sont désormais formellement interdits de célébrer des messes publiques, même occasionnellement. Sur les sept confrères actuellement présents en Mongolie, seuls deux possèdent le visa religieux requis et sont donc autorisés à célébrer l'Eucharistie publiquement.


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    5. Défis financiers

    La Mission a connu une croissance rapide en termes d'infrastructures au cours de ses 20 premières années grâce au soutien financier considérable de la Province ASIA et aux collectes de fonds des confrères. Nous devons garder à l'esprit qu'à cette époque, la Mongolie faisait l'objet d'une attention particulière de la part des organisations et des personnes de bonne volonté. Les appels à l'aide ont généralement reçu des réponses positives. CICM versait à ses travailleurs de bons salaires et était donc en mesure de recruter les meilleures personnes.

    Depuis 2013, la Mongolie a commencé à exploiter à grande échelle ses gisements de charbon, de cuivre et d'uranium, ce qui a contribué au développement rapide du pays. La croissance économique réalisée grâce à son secteur minier a fait que la Mongolie n'est plus classée parmi les pays en développement, ce qui a entraîné une réduction de l'attention mondiale. Les organismes de bienfaisance et les donateurs internationaux ont réorienté leur attention vers d'autres régions, ce qui a entraîné une diminution des ressources pour la Mission. Actuellement, CICM peine à réunir les fonds nécessaires au financement de ses quelques projets et services restants. Il est important de noter que la Caritas et la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul ont été reprises par la Préfecture Apostolique en 2020, tandis que la paroisse du Bon Pasteur a été transférée de la même manière en 2025. Par conséquent, CICM dispose désormais de structures limitées à gérer, mais continue de lutter pour les financer correctement. Nous rencontrons des difficultés à payer des travailleurs au service de nos projets en raison des bas salaires. Cependant, les confrères restent engagés et assument leurs responsabilités, en grande partie grâce à l’apport de collectes de fonds menées par Paul Staes à Singapour.

    6. Personnel instable en CICM

    Lorsque je suis arrivé en Mongolie en juin 2008, nous étions un groupe de 11 confrères en Mongolie, dont Mgr Wensceslao Padilla, le Préfet Apostolique, un confrère aux études spécialisées, et quatre stagiaires. Cependant, trois de ces confrères quittèrent la Mongolie l'année suivante, ne laissant que deux confrères qui avaient terminé leur formation initiale. Tous les stagiaires ont assumé très tôt des responsabilités importantes, telles que le poste d’économe du district, l’autre administrateur de la cathédrale SPP, superviseur de VCC, de MHK ou recteur de la maison de district. Malgré ces défis, les choses avancent bien grâce au dévouement des confrères et au soutien de la Province et de nos bienfaiteurs.

    En 2014, les quatre stagiaires ont terminé leur formation initiale et sont pleinement engagés dans différents ministères, et trois autres stagiaires se sont joints à l'équipe entre-temps, portant le nombre total de confrères à 11. Cependant, au cours des trois années suivantes (2015-2017), quatre confrères ont quitté la Mongolie pour diverses raisons, ce qui nous a réduits à sept.

    En résumé, tout au long de ses 33 ans d'histoire, la Mission CICM de Mongolie a accueilli 27 missionnaires de six pays différents. Deux missionnaires ont rejoint le Maître de la Vigne. Six missionnaires (22 %) ont quitté CICM, tandis que 14 (52 %) ont quitté la mission pour diverses raisons. Seuls deux missionnaires sont retournés en Mongolie après leur service. Actuellement, il y a sept confrères (26 %) CICM en Mongolie. Quelles pensées et réflexions surgissent face au fait que plusieurs confrères ont quitté la Congrégation en Mongolie ? Quelles explications possibles pourrait-il y avoir à l'appel de plusieurs confrères à servir ailleurs ? Serait-ce leur désir personnel de partir, ou est-ce parce que cette mission les a dotés de compétences et de la patience nécessaires pour de tels services ou parce que les défis mentionnés ci-dessus les ont poussés vers la sortie ? Les supérieurs ou le district de Mongolie lui-même ont-ils contribué à cette diminution ?

    Conclusion et pistes de réflexion

    La Mongolie occupe une place particulière au cœur de CICM, car elle nous a été confiée par le Vatican et reste sous notre responsabilité, même si le Cardinal Préfet appartient à une autre congrégation. Cette mission est parfaitement en accord avec notre charisme, mais elle présente également de nombreux défis, dont certains viennent d'être mentionnés ci-dessus. Un confrère a souligné à juste titre dans un numéro de notre Bulletin provincial que la mission en Mongolie est coûteuse pour la Province. Cette observation est juste, mais la question pressante est maintenant de savoir comment nous envisageons l'avenir de cette mission malgré ces défis. Cela nécessite l'attention commune des confrères qui travaillent en Mongolie et de toute la Province. Le 16ème Chapitre général a spécifiquement demandé aux Provinces qui ont subi une restructuration d'évaluer leurs expériences. Ce pourrait être l'occasion pour nous de réfléchir à l'avenir de certaines de nos missions, dont celle en Mongolie.


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    La mission en BNL: Un chemin de foi, de persévérance et d’espérance

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    Martin Mvibudulu

    Martin Mvibudulu M., cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    Il y a 20 ans la province BNL comptait encore plus de 250 membres dont la grande majorité était dans la soixantaine et même la cinquantaine. On pouvait encore compter 12 maisons-CICM dont 8 en Flandre, 3 en Wallonie et 1 en Hollande. Il y avait seulement 7 confrères non-Européens (tous congolais) travaillant en Wallonie (3) et en Flandre (4). À l'époque, un seul laïc jouait un rôle de premier plan dans la gestion de nos maisons.

    Aujourd'hui, la situation est complètement différente. Le nombre des confrères (140) et des maisons-CICM (5) a sensiblement diminué. Plus aucune maison en Wallonie, la présence des 2 nouvelles petites communautés internationales avec des nouveaux projets missionnaires (sans compter celle d’Oostende qui doit démarrer dans les prochaines semaines), une plus grande présence des confrères non-Européens (20) et des laïcs dans l'administration…

    Il y a quelques années, certains confrères s'interrogeaient sur l'avenir de la Province BNL. Grâce à l'arrivée de plusieurs confrères de pays non européens, nous pouvons à nouveau rêver, mais rêver dans son coin ne suffit pas. Il faut encore travailler pour faire du rêve une réalité. Le nombre croissant de confrères non-Européens dans la province donne à la BNL une nouvelle image. BNL est devenue une vraie province de mission. Elle n'est plus principalement une province de base d'où partent les missionnaires et où les missionnaires plus âgés viennent se reposer. L’évolution des dix dernières années présente des vraies raisons de croire et d’espérer un meilleur avenir de la mission en Europe. C’est la raison pour laquelle nous écrivons cet article.

    Nous profitons de la célébration de cette année jubilaire que le pape François a placée sous le signe de l’espérance pour partager à travers ces quelques lignes les signes visibles de l’espérance dans notre province. Signes qui n’auraient pas pu voir le jour sans la foi de quelques confrères – dont certains sont peut-être déjà partis auprès du Père -, sans la persévérance du « petit reste » des confrères non-Européens, - qui ont tenu bon dans les moments difficiles -, et enfin rien n’aurait été possible sans le courage et la détermination des gouvernements provinciaux de la dernière décennie, qui ont de nouveau ouvert aux jeunes confrères les portes de la mission en BNL.

    Actuellement BNL n’accepte des engagements missionnaires dans les diocèses qu’à la demande de ceux-ci : des discussions ont eu lieu et continuent entre le gouvernement provincial et les diocèses. Les engagements pastoraux et les nominations sont fixés dans des contrats entre la Province et les diocèses. Les confrères actifs sont principalement engagés dans les nouveaux projets missionnaires, tandis que la plupart des confrères plus âgés vivent ensemble dans des communautés plus grandes. Là où bon nombre de confrères actifs vivaient seuls, le choix se porte désormais sur le travail en équipe et la vie en communauté. Cela présente de nombreux avantages. Néanmoins, la vie communautaire reste un défi pour tous, mais c'est une « mission » pour nous, comme le stipulent les derniers chapitres généraux. Le fait que les confrères de BNL viennent de quatre continents et de huit pays différents est un enrichissement, mais reste un défi. C'est aussi une nouvelle réalité.

    1.          Une vision missionnaire renouvelée

    L’accent est désormais mis sur notre manière d’être présents dans la société et l’Église d’Europe. Nous voulons y être présents, non pas en tant qu’individus mais en tant que communauté religieuse et internationale. Voilà donc le premier témoignage de notre mission en BNL. Après plusieurs années de réflexions et d’échanges entre les confrères et les gouvernements provinciaux, la déclaration suivante a été retenue comme texte inspirateur de notre activité et notre présence missionnaires en Europe :

    « Nous sommes une communauté de missionnaires Scheutistes. Partant d’une vision missionnaire et en tant que religieux venant de cultures différentes, vivant en petites communautés multiculturelles, nous voulons être présents dans des milieux culturellement divers comme du levain dans la pâte. Nous voulons ainsi rendre le témoignage qu’il est possible de vivre et de travailler ensemble. Partant d’une vision pastorale renouvelée nous sommes au service surtout des personnes en marge de la société. Par des initiatives locales nous voulons tisser des liens entre les personnes, en dépassant les différences de cultures et de religions. Nous le faisons de préférence en collaboration avec des partenaires et des animateurs dans des structures existantes. Étant un petit groupe de confrères actifs sur le terrain nous sommes unis aux confrères plus âgés dans nos communautés et ailleurs. Notre engagement est également porté et encouragé par eux. Ainsi nous, les anciens et les plus jeunes, restons tous ensemble fidèles à l’esprit du « Cor unum et anima una », un seul cœur et un seul esprit » (Extrait du Rapport du GP BNL du 25 mars 2019). Cette déclaration est notre vision commune.

    2.          La vie communautaire : premier témoignage de notre mission

    Dans la société occidentale où nous sommes appelés à vivre notre engagement religieux et missionnaire, l’Église, la foi en Jésus Christ et la religion en général ne connaissent plus l’adhésion populaire qu’elles ont connue autrefois. Notre terre de mission est cette Europe sécularisée. A partir de là nous sommes en droit de nous demander : quel message de l’Évangile pouvons-nous apporter aujourd’hui à cette société ? Rappelons-nous l’étonnement des païens au début du christianisme, en voyant comment la première communauté chrétienne vivait en communion de cœur et d’esprit. Tertullien, un des premiers écrivains chrétiens, rapportera ce que l’on disait des chrétiens en ces termes : « Voyez comme ils s’aiment !». Jésus l’avait recommandé à ses apôtres : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13,34-35).

    En vivant en communion fraternelle les uns avec les autres, en communauté de vie ou de référence, en travaillant en harmonie comme frères de différentes cultures, langues, races et nations, nous voulons susciter auprès de nos contemporains la curiosité et l’étonnement pour rendre témoignage au Christ qui nous a envoyés. Par ce témoignage nous voulons contribuer à l’avènement du Royaume de Dieu parmi nous : Royaume de justice, de paix et d’amour. Nos communautés multiculturelles et internationales deviennent en ce sens des signes visibles du Règne de Dieu. Des signes auxquels nul ne peut rester indifférent même dans une Europe sécularisée, où les libertés individuelles prennent souvent le dessus sur les communautés. C’est pourquoi nos communautés de vie doivent être notre première mission.


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    3.          Nos engagements inspirés par notre vision commune

    En étroite collaboration avec l’Église locale et à la demande des évêques, nous acceptons des engagements pastoraux et missionnaires dans divers secteurs : paroisses, aumônerie des maisons de retraite, des prisons, des hôpitaux, accompagnement des sans-abris, des immigrés et réfugiés, dialogue interreligieux … Nous exerçons les tâches qui nous sont confiées dans l’esprit de notre vision commune. C’est-à-dire en communion avec tous les confrères de la province, et plus particulièrement ceux de notre communauté de référence si les circonstances nous obligent à vivre seuls. Nous suivons la politique de la province en cette matière. C’est pourquoi chaque confrère qui est appelé à une responsabilité pastorale ou missionnaire en dehors d’une communauté religieuse cicm doit être lié à une communauté cicm de référence qui lui garantit cette communion fraternelle avec les confrères.

    4.          Quelques signes visibles de notre projet missionnaire

    4.1.       Des petites communautés religieuses internationales dans des grandes villes qui concrétisent nos projets missionnaires actuels et à venir, en réponse aux demandes spécifiques de l’Eglise locale :

    CICM-ICM à Malines


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    --- Communauté ICM-CICM à Malines : de gauche à droite (Jerry-Jr. Senapai, Sr. Elizel, Jean Poulard Espady, Sr. Berlaine, et Sr. Jeya) ---

     

    Inspirés par l’article 8 de nos Constitutions qui nous invite à toujours chercher à « collaborer avec les autres instituts et organismes missionnaires, et avec tous ceux qui travaillent à la croissance du Royaume de Dieu », nous avons accepté cette présence missionnaire, à la demande de l’Eglise locale de la ville de Malines. Nous n’avons pas voulu y répondre seuls mais ensemble avec les sœurs icm, dont nous avons apprécié l’enthousiasme missionnaire en nous rejoignant pour répondre à cet appel. En effet, comme nous pouvons le lire dans nos Constitutions : « une association particulière unit notre Institut et celui des sœurs missionnaires du Cœur Immaculé de Marie en vue d’une aide mutuelle dans le travail missionnaire, chaque fois que cela est possible. Nous sommes cependant juridiquement et financièrement indépendants » (Const. 8.1). Plusieurs raisons ont poussé le vicariat du Brabant-Flamand à demander des missionnaires à nos deux congrégations CICM-ICM pour ce projet missionnaire commun, parmi lesquelles : la forte sécularisation de la société belge, la forte religiosité (sous diverses formes) dans cette ville, le besoin de donner aux missionnaires l'espace et le temps nécessaire pour rechercher de manière créative, de nouvelles formes de présence missionnaire et être des pionniers dans ce sens.

    Pour répondre aux différents besoins et défis missionnaires ici exprimés, deux communautés internationales de missionnaires se sont installées à Malines : la communauté cicm (aujourd’hui) avec deux membres, l’un de nationalité haïtienne et l’autre de nationalité centrafricaine (à l’origine avec un troisième confrère Belge) et la communauté icm constituée de trois membres l’une de nationalité congolaise, l’autre philippine et la troisième indienne. Les deux équipes se complètent et travaillent ensemble dans leurs engagements missionnaires et pastoraux.

    CICM à Deurne

    Deurne est une commune située au nord-Est de la ville d’Anvers. Elle est particulièrement connue pour sa grande concentration de communautés musulmanes et sa multiculturalité. L’évêque d’Anvers a demandé à notre congrégation d’assurer une présence missionnaire dans cette unité pastorale de son diocèse. Plus explicitement il a voulu une communauté religieuse internationale à laquelle il confierait des charges pastorales et missionnaires pour accompagner, animer et inspirer le peuple de Dieu dans la grande ville d’Anvers.

    C’est pour cette raison que depuis 2016 Scheut a répondu favorablement à cet appel avec la création de la communauté internationale de Deurne, formée aujourd’hui par trois confrères d’origine brésilienne, congolaise et indonésienne. Ils sont engagés dans divers secteurs de vie de l’Eglise : paroisse, dialogue interreligieux (avec les musulmans), jeunesse, formation des laïcs…


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    --- Communuatè Internationale CICM de Deurne: de gauche à droite(Pascal Kakenda, Thomas Hendrikus, et Fabio Teixeira) ---

     

    Tout comme à Deurne et à Malines, ce projet a été accepté par Scheut à la demande de l’évêque de Bruges, qui a souhaité l’arrivée à la côte Belge d’une communauté CICM internationale pour s’occuper de la pastorale auprès des marins aux ports d’Oostende et de Zeebrugge, des immigrés …et pour s’engager dans la pastorale paroissiale. L’apport des missionnaires peut être de grande importance dans les paroisses d’Oostende, estime l’évêque. C’est pourquoi une équipe de 3 confrères Indonésien, Haïtien et Congolais va bientôt s’installer dans l’unité pastorale d’Oostende, après l’apprentissage du Néerlandais.

    CICM-Oostende-Zeebrugge :

    4.2.       L’intégration des plus jeunes dans les services internes de la province


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    --- De gauche à droite : Germain Nsasi, Yeremias Lakonawa, et Sony Pierre ---

     

    Pour redynamiser nos grandes communautés constituées en grande majorité de confrères très âgés et malades, de plus jeunes confrères y sont nommés (soit comme responsable soit comme résident avec un engagement pastoral en dehors de la communauté) afin d’insuffler un peu de jeunesse dans nos communautés vieillissantes. Il en est de même pour nos commissions provinciales et groupes de travail.

    La commission provinciale des finances :


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    --- La commission provinciale des finances : De gauche à droite (Thomas Hendrikus, Yeremias Lakonawa, Marc Vandermeiren, Jef Matton, et Germain Nsasi Yengo) ---

     

    La rencontre annuelle des plus jeunes confrères (actifs) du 1er mai 2025


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    Comme vous pouvez le constater à travers ces images, BNL dégage aujourd’hui une certaine fraicheur, un vent nouveau et une dynamique nouvelle. C’est ce qui nous donne de continuer à rêver, dans la foi et l’espérance, d’un avenir meilleur pour la mission en Europe.


    L’union fait la force: situation financière de CICM-LAC

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    Prosper Ngassa

    Prosper Ngassa, cicm
    Missionnaire au Mexique

     

    Il y a quelques années, les finances ne faisaient pas partie de nos préoccupations majeures dans la province. Aujourd’hui, nous vivons le contraire. En voici les raisons : nos demandes pour la subsistance et l’ad extra, de plus en plus galopantes d’année en année, et par contre les contributions des paroisses sont à la baisse. Cette dernière est due entre autres, à la diminution du nombre de confrères européens dont les pensions, provenant des gouvernements de leur pays d’origine, sont considérées comme une contribution à la province.

    Nous pouvons également constater que nous ne parvenons pas à nous accorder sur les priorités de la mission, en tenant compte de nos moyens financiers. Enfin, il existe encore des discussions entre nous relatives à l’importance de la mise en commun de nos biens, alors que c’est le moyen le plus sûr pour notre protection individuelle et collective, et qu’elle ouvre à de nouvelles opportunités. D’où la réflexion du moment : n’est-il pas venu le temps de changer nos habitudes, quoi qu’il en coûte ?

    Depuis le noviciat, et soutenu par nos Constitutions CICM, notre maître des novices rappelait sans cesse que tout ce que nous possédons est en réalité un don de Dieu. En conséquence, nous sommes invités à une gestion humble et reconnaissante de nos ressources, sachant qu’elles ne sont pas le fruit de nos seuls efforts, mais le reflet de la grâce de Dieu (cf. Dt 8,18). Faisons objectivement un diagnostic :

    1. DISTRICT DU MEXIQUE

    Commençons par le district du Mexique : le Mexique est un district financièrement autosuffisant, dû, à mon avis, à deux facteurs qui s’impliquent mutuellement : un style de vie simple (toutes les communautés ont des cuisinières à temps partiel pour réduire les dépenses, par exemple) et la solidarité entre les paroisses face aux besoins urgents (les paroisses se soutiennent mutuellement sans faire appel à la province, bien qu’elles en aient le droit).

    Une des décisions prises en assemblée de district a été que chaque paroisse verse l’équivalent de 102 USD par confrère et par mois comme contribution à la province. Jusqu’à présent, certaines paroisses ne s’en sont pas encore acquittées, alors que la province en a besoin pour faire face au problème de liquidités. Il n’est pas inutile de rappeler que ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent, au vu des rapports financiers des paroisses. Le Mexique a contribué en USD à hauteur de 5908 en 2022, 4674 en 2023 et 10695 en 2024. Quelle sera sa contribution en 2025 ?


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    2. DISTRICT DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

    Quant au district de la République Dominicaine, le GP a longtemps insisté sur l’autofinancement des paroisses et leurs contributions financières pour les activités de la province. Il y a eu un grand effort ; car nous sommes passés des paroisses dépendantes des subsides de la province à l’autosuffisance pour la majorité. Ce qui est à féliciter.

    Il demeure néanmoins vrai que nous ralentissons le pas quant à la contribution à la province, alors que nos rapports financiers prouvent que nous en avons les moyens. Pour être plus concret, et surtout avec votre permission, nous sommes passés d’une contribution financière à la province en USD de 2938 en 2022 à 4460 en 2023, puis 556 en 2024. Qu’est-ce qui justifierait cette diminution, j’allais dire cette baisse considérable ?

    3. DISTRICT DU BRÉSIL

    Parlant du district du Brésil, les habitudes sont en train de changer, même si nous ne sommes pas encore au top avec la plupart des confrères. Bien qu’ayant adhéré à la décision prise en assemblée, laquelle consistait à donner un pourcentage des salaires à la province, certains ne s’y sont pas encore habitués malgré l’insistance du GP.

    D’où proviendrait le problème ? Du manque de moyens ? Certainement pas, puisque c’est un salaire fixe qui est versé chaque mois par la paroisse aux confrères, qu’ils soient curé ou vicaire. Il n’y a nul doute que le district du Brésil allégerait le problème de liquidité si chaque confrère acceptait cet élan de solidarité.

    Nous pouvons déjà constater que la contribution était en USD de 20848 en 2022, 20814 en 2023, puis 20686 en 2024. Ces montants ne traduisent-ils pas le fait que seuls les mêmes confrères contribuent ?


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    4. DISTRICT DU GUATEMALA

    Allons au district du Guatemala où l’effort est en train d’être fait pour un autofinancement total et définitif des paroisses, même si nous rencontrons çà et là quelques résistances. Une chose demeure visible chez les confrères : le grand souci missionnaire et la préoccupation de couvrir quelques points importants, parmi lesquels la formation, les constructions et les célébrations.

    Cependant, ne pouvons-nous pas faire la mission autrement, en tenant compte de nos limites ? J’entends par "autrement" la sélection de nos priorités, sachant que la plus belle femme du monde ne donne que ce qu’elle a et ne peut s’endetter continuellement pour couvrir tous ses besoins. Dans ce cas, elle passerait toute sa vie dans le stress au point de vouloir se suicider.

    Au regard de ce qui précède, la contribution des paroisses reste un grand défi pour le district : 1447 en 2022, 526 en 2023 et 3900 en 2024. L’animation des confrères reste l’élément clé pour qu’il y ait de la générosité et un partage volontaire de nos ressources avec la province. N’est-ce pas ce à quoi nous invite saint Paul dans 2 Co 9,7 lorsqu’il affirme que « Dieu aime celui qui donne avec joie » ?


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    5. DISTRICT DE HAÏTI

    Le district de Haïti vit certainement un des moments les plus difficiles de son histoire. Ce qui engendre, comme conséquence, le questionnement de la part des confrères du district : « Qu’avons-nous fait pour mériter ça ? »

    La province fait des efforts pour répondre aux besoins urgents du district, notamment pour la subsistance des confrères. Le manque de liquidités fait en sorte que nous ne pouvons pas toujours répondre favorablement aux demandes qui sont faites, au risque de finir par avoir des difficultés à couvrir la subsistance de tous en LAC, ce qui demeure une priorité pour la congrégation.

    Lorsqu’on regarde les rapports financiers du district, du moins ceux de 2022 à 2024, on ne peut relever nulle part une contribution à la province. La raison serait la situation critique du pays. La vie met sur nos chemins des épreuves plus ou moins pénibles à surmonter, mais qui nous donnent en même temps la chance d’évoluer et d’en tirer des enseignements.

    Nous ne sommes pas les propriétaires du district. Seule la gérance nous en a été confiée. Le Seigneur nous a donné sa confiance en espérant que nous allons en faire bon usage (Lc 16,1-8). Soyons unis pour cette cause commune.

    Pour terminer, chers confrères, l’administration financière de notre province requiert une régulation collective et responsable. Une récente lettre de l’économe général nous invitait déjà à prendre des précautions pour ne pas plonger la province dans une grande crise, au regard du contexte politique actuel de notre monde.

    Comment allons-nous y parvenir ? J’entrevois pour l’instant trois possibilités, avec un préalable :

    Préalable : quels que soient les dons que nous recevons et qui sont mis à notre disposition, nous devrions reconnaître que nous n’en sommes pas les propriétaires, mais plutôt les gérants (Mt 25,14-30). Si nous nous considérons comme les seuls maîtres des biens, alors il est facile de ne rendre des comptes qu’à nous-mêmes et de passer l’éponge sur notre infidélité et nos mauvaises pratiques quant à la gestion de ces biens matériels.

    1.          Augmenter nos contributions à la province pour parer partiellement au problème de liquidité. Pour cela, sachant que nos contributions sont déjà un acquis, nous pourrions mettre dans toutes nos paroisses, si nous le voulons, une caisse dédiée à la mission CICM.

    2.          Élaborer une liste avec numéro de téléphone des bienfaiteurs/parrains de la mission CICM-LAC au niveau de nos districts. À ces personnes, nous pourrions demander du soutien spirituel et financier, qui servirait au bien de la province.

    3.          Réviser nos priorités en fonction de nos moyens financiers. Car nous ne pouvons pas dépenser ce que nous n’avons pas. Certains réclament l’argent de leurs PTA, projets et autres, sans se rendre compte que la province ne peut offrir que des subsides mais n’est pas toujours en mesure de répondre positivement aux sollicitations des confrères.

    Allons-nous continuer ainsi ? Quand et comment allons-nous rembourser l’argent des PTA et projets des confrères que nous avons utilisé comme subsides ?

    L’union fait la force.

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    Les enjeux financiers et la spiritualité missionnaire: entre défis et engagement collectif

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    Germain Nsasi

    Germain Nsasi, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    (Bref aperçu de la rencontre des jeunes confrères, tenue à Scheut, le 1er mai 2025)

    Le 1er mai 2025, un groupe de jeunes confrères de la Province BNL s’est réuni à Scheut pour une réflexion approfondie sur un enjeu crucial : le lien entre finances et vie spirituelle. La préparation de cette réunion a été facilitée par la lecture individuelle d’une réflexion de notre confrère Eric Manhaeghe, qui porte sur une conviction de notre Fondateur : “Le Bon Dieu sait bien que sans argent il n’y a pas moyen de faire son œuvre. Il ne nous le refusera pas.” Modérée par notre confrère Jozef Lapauw et enrichie par l’expertise de Marc Vandermeiren, Économe provincial, cette rencontre a permis de poser un regard lucide et collectif sur les réalités économiques qui façonnent l’avenir missionnaire.

    Une réflexion nécessaire sur notre rapport aux finances

    La session s’est ouverte sur une prière et une lecture des Actes des Apôtres, rappelant que la dimension matérielle de la vie missionnaire ne peut être dissociée de la spiritualité. Pourtant, face à une diminution progressive des effectifs, la gestion des ressources devient une préoccupation majeure. Marc Vandermeiren, fort de l’expérience acquise lors d’une formation CICM au Cameroun, a mis en lumière un constat : si les dépenses restent constantes, les contributions des confrères tendent à diminuer.

    Vivre notre engagement dans une société de consommation

    Dans un échange dynamique, les participants ont exploré cette question fondamentale : Comment préserver une vie simple et équilibrée tout en évoluant dans une société régie par la consommation ? Les discussions ont révélé un besoin de vigilance et de discernement. Si le modèle communautaire offre une protection contre les excès matérialistes, il est essentiel de cultiver des habitudes de sobriété, inspirées des premiers disciples. Certains confrères, formés dans des contextes plus austères en Afrique, en Asie et en Amérique latine, ont apporté un regard précieux sur la manière de rester détaché de l’emprise des biens matériels tout en assurant les nécessités du quotidien.

    La Province BNL : une famille solidaire

    La réflexion s’est poursuivie autour de la perception que l’on a de la Province : Simple structure administrative ou véritable espace de fraternité et d’appartenance ? Pour beaucoup, la Province est avant tout une communauté vivante, fondée sur des liens de solidarité et de responsabilité mutuelle. La gestion financière ne doit pas être un sujet tabou, mais un outil permettant d’assurer la pérennité des missions et le bien-être des confrères. Une transparence accrue dans les rapports financiers apparaît comme une voie à explorer afin de mieux vivre le vœu de pauvreté.

    Des propositions audacieuses pour l’avenir

    L’une des recommandations fortes issues des débats est l’instauration d’une contribution annuelle volontaire, permettant à chaque confrère d’apporter son soutien selon ses capacités. En parallèle, l’adoption d’une culture budgétaire plus réaliste est encouragée afin d’éviter des déséquilibres lors des périodes de vacances ou de soutien familial.

    Défis actuels et perspectives missionnaires

    Enfin, Martin Mvibudulu, Supérieur provincial, a dressé un état des lieux des défis à venir. L’accueil et l’intégration des nouveaux confrères, la participation active aux projets missionnaires et la pérennisation des structures existantes figurent parmi les priorités. Le développement de la mission d’Oostende-Zeebrugge à partir de septembre 2025 et les discussions en cours avec le diocèse de Liège, pour un projet de communauté missionnaire en 2027, témoignent d’un engagement renouvelé en faveur de la croissance spirituelle et pastorale de la Province.


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    À travers cette rencontre, une conviction s’est affirmée : chaque confrère, par son engagement personnel, façonne l’avenir de la mission. Loin d’être une simple préoccupation économique, la réflexion financière est une dimension incontournable de notre cheminement spirituel collectif.

    Conclusion : signe de foi et d’espérance

    Avec espérance et foi, que chaque confrère, retraité aussi bien que ceux qui sont actifs, porte les projets missionnaires de la Province dans une prière constante, demandant à Dieu d’en être le guide et la source de fécondité, afin qu’ils rayonnent de Sa lumière et portent des fruits durables pour Son œuvre.


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