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    La mission difficile à Dongkeng (Chine)

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    In the frontlinePar Joseph Jin Xiuzhang, cicm

    Lorsque je travaillais au séminaire diocésain et, plus tard, au Centre de spiritualité comme prédicateur de retraites ou conférencier, j’avais une vision très étroite de la pastorale. Comme je n’avais jamais travaillé en paroisse, j’avais l’habitude de minimiser ce ministère pastoral, que je considérais comme un travail facile par rapport à ce que je faisais au séminaire.

    Je regrette d’avoir gardé longtemps à l’esprit une fausse conception du ministère pastoral, ce qui m’amenait parfois à critiquer les prêtres dont la performance dans le ministère n’était pas bien appréciée par leurs paroissiens.

    Mon incompréhension du ministère pastoral a été remise en question lorsque je me suis engagé dans le travail pastoral avec nos confrères. De fait, l’expérience m’a beaucoup appris. Surtout, après avoir rencontré des difficultés et des défis inattendus, j’ai commencé à me poser des questions.

    Je suis Chinois et j’ai été envoyé en mission en Chine pour ; mais dans mon propre pays, j’ai d’abord rencontré le problème de la limitation de la langue. En fait, le lieu où j’ai été nommé est différent de celui de ma naissance, et je me suis rendu compte que la plupart des habitants ne sont pas capables de parler le mandarin, la langue officielle. Bien sûr, je ne peux pas les blâmer pour cela. J’ai compris que cela est dû à leur formation. Beaucoup de gens dans le district où je travaille ne sont pas très instruits. De plus, ici les gens préfèrent parler leur dialecte local au lieu de la langue officielle (le mandarin). Un jour, une dame est venue en larmes à mon bureau et m’a partagé son histoire avec émotion. Elle se plaignait du comportement violent de son mari. Mais, j’avais de difficultés à comprendre son plaidoyer, car elle parlait avec émotion et dans une langue que je ne comprenais pas bien. Même si je pouvais deviner à partir de son émotion ce qu’elle essayait de dire, j’étais toutefois perdu et limité linguistiquement. Si je maîtrisais bien la langue, je pouvais certainement avoir plus de confiance pour l’aider. En vue de pouvoir l’aider, je lui ai demandé de parler lentement et clairement ; mais elle m’a simplement regardé et a continué à parler. J’étais tellement désolé de ne pas être en mesure de comprendre ce qu’elle disait, et de plus, je me sentais frustré. Je me suis dit que je devais l’écouter avec mon cœur au lieu de mes oreilles. C’était une expérience difficile pour moi, celle de la limitation de la langue.

    Quelques jours après, une autre dame s’approcha de moi et me dit : « Père Joseph, nous ne comprenons pas ce que vous nous prêchez. » C’était une remarque franche et touchante. Cela m’a défié pour apprendre la langue et m’adapter aux réalités locales, en vue de l’efficacité de mon ministère. Par cette expérience personnelle, je peux m’imaginer et comprendre ce que notre Fondateur Théophile Verbist et ses compagnons ont vécu au début de la mission CICM en Chine. Jusqu’aujourd’hui, beaucoup de nos confrères vivent la même expérience à travers le monde. Toutefois, dans mon expérience pastorale en Chine, outre la difficulté de la langue, j’ai fait face à une autre réalité aussi exigeante, celle de la foi catholique. Pour diverses raisons, les chrétiens ne pratiquent pas leur foi comme il se doit, bien qu’ils affirment qu’ils ont été baptisés. En fait, leur pratique religieuse est influencée par les religions traditionnelles chinoises, telles que le taoïsme, le bouddhisme et d’autres sectes religieuses.

    Par exemple, pour éviter la malchance et avoir la bonne chance, de nombreux catholiques consultent le Maître Fengshui qui, généralement, leur donne des instructions concrètes pour résoudre leurs problèmes. Ensuite, ils viennent voir les prêtres catholiques pour appliquer ce que le Maître Fengshui leur a demandé de faire. Ils le font souvent sans prendre conscience du vrai travail d’un prêtre catholique, et aussi de leur propre foi. Cela me semble étrange que les gens mettent leur foi de côté pour suivre leurs croyances traditionnelles quand ils sont dans le besoin.

    Je pense que beaucoup de prêtres ont fourni des efforts pour empêcher cela, mais jusqu’ici ils n’y sont pas encore parvenus. Et je comprends que cela ne peut pas être changé dans un ou deux ans ; car c’est un long processus auquel nous devrions consacrer plus de temps par la formation des jeunes et des générations futures. Nous pouvons mieux favoriser le lien entre la foi et la culture/les traditions, et aider aussi les gens à accepter ou surmonter leurs expériences douloureuses, telles que la maladie, la malchance, les accidents et la mort. En tant que CICM, l’éducation des jeunes est l’une de nos priorités dans le ministère pastoral, car nous espérons apporter une nouvelle compréhension de la foi en Chine. Nous avons commencé l’école du dimanche pour les jeunes, ce qui n’avait jamais été fait dans ce diocèse auparavant. C’est devenu le lieu où nous essayons d’apporter un changement significatif à la croyance et aux pratiques déformées. De plus, nous avons initié dans la paroisse les camps d’été et d’hiver pour les enfants et les jeunes qui veulent participer, et nous encourageons également les autres à se joindre à nous. Je sais que ce n’est pas toujours facile, mais nous espérons que Dieu nous aidera dans ce ministère que je crois important et significatif. Comme l’affirme Saint Paul : « Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ; seul importe celui qui donne la croissance : Dieu » (1 Corinthiens 3, 7).

    Honnêtement parlant, l’épreuve la plus difficile vient de l’environnement politique. Même s’il est écrit dans la Constitution que tout citoyen jouit de la liberté de religion, le gouvernement chinois considère toujours les religions comme une menace pour le régime communiste, en particulier, la foi chrétienne. De fait, le gouvernement central donne des ordres et des règlements qui interdisent aux enfants de fréquenter des lieux de culte et de participer aux activités religieuses. Pour eux, c’est une guerre idéologique entre la foi et le pouvoir et les intérêts du gouvernement communiste chinois.

    Récemment, un bureau religieux local a donné l’ordre de fermer le Centre Tian’ai pour enfants, là où nous nous occupons des enfants, parce qu’il se trouve juste à côté de la maison de prière (l’église). En fait, le gouvernement local craint que les enfants soient influencés par la foi chrétienne. De plus, le directeur de l’école primaire où les enfants étudient menaçait de mettre dehors toute personne qui traînerait au centre. En même temps, certains enseignants continuent de dire aux étudiants que le catholicisme est une hérésie, une organisation malveillante, un opium spirituel et superstitieux.

    Nous ne pouvons rien faire, sinon nous défendre verbalement contre ces fausses accusations et raffermir notre foi selon laquelle Dieu est de notre côté, pour le bien des enfants et de la société en général. C’est cela la situation actuelle en Chine. Face à ces difficultés et défis, nous devons trouver un autre moyen d’accomplir notre mission, car, nous, missionnaires CICM, nous ne cesserons pas de prêcher et de semer le grain de la foi, comme l’a fait notre Fondateur Théophile Verbist. Nous avons récemment commémoré le 150e anniversaire de sa mort, et ses mots résonnent toujours à nos oreilles : « Pour ceux qui aiment, rien n’est impossible. » Nous comptons donc sur vos prières et votre soutien pour continuer la mission CICM en Chine, et promouvoir le bien-être des enfants que nous servons. (ASIA News Bulletin n° 33, mai-juin 2018, pp.2-4). ■