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    110.000 esclaves en Belgique ?

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    Jean PeetersJean Peeters, cicm
    Missionnaire en Belgique

      

     

    Situation

    Ce n’est pas une « fake news », mais heureusement, selon l’asbl « Walk Free » , notre pays n’est que le 154e sur 160 pays recensés. Ouf, il n’y a que 110.000 victimes de la traite des êtres humains aujourd’hui en Belgique.

    On connaissait déjà les femmes asiatiques ou non européennes obligées de se prostituer à Anvers, Bruxelles et Liège, car les proxénètes avaient confisqué leurs papiers d’identité dès leur arrivée. Ces pauvres filles avaient été embauchées par des recruteurs qui cherchaient des serveuses pour des magasins et des cafés ! Le journaliste Chris De Stoop avait dénoncé cette pratique en 1992 dans son célèbre livre « Ze zijn zo lief », un meneer qui a conduit à la création de l'asbl PAG-ASA pour lutter contre ce fléau et essayer d’en sauver l’une ou l’autre. Plus tard un autre livre a dénoncé les odeurs dégagées par les machines à lessiver au quartier Anneessens à Bruxelles: des hommes et des femmes enfermés dans les caves pour faire les énormes lessives des draps de lit venant d’hôtels chics de la ville!

    Au début 2022, PAG-ASA dénonçait l’arrivée massive de prostituées chinoises privées de papiers dès leur arrivée. Ensuite, grâce au réseau TikTok, ce sont des garçons afghans qui ont été attirés et obligés de se prostituer pour soi-disant rembourser les 10.000 $ qu’avait coûté leur traversée de l’Océan / arrivée en Belgique. À Anvers, ce sont 50 travailleurs esclaves qui ont été découverts sur le chantier de construction de l’usine Borealis.

    Et le plus interpellant, c’est que la plupart de ces personnes occupent des postes où la main d’œuvre belge est insuffisante, même parfois dans des métiers qualifiés. Des parlementaires belges auraient fait la remarque qu’ils devraient être contents, puisque normalement ils doivent être expulsés.

    Leurs droits: www.fairworkbelgium.be 

    Même s’ils sont en situation illégale et qu’ils travaillent au noir, ces personnes ont des droits: un salaire minimum (difficile à déterminer, mais très certainement   120 € pour 8 heures), pas de licenciement sans motifs graves et inscrits sur papier, indemnisation en cas d’accident de travail, même si c’est un travail au noir, indemnisation après faillite par le Fond de fermeture des entreprises, le respect des heures de travail et congés payés sont très rarement accordés, alors qu’il y ont droit exactement comme un autre travailleur, c’est la loi.

    Les abus les plus fréquents: pas de salaire minimum ou irrégulier, incomplet ou impayé, licenciement sans respect des règles, non-respect de la durée légale du travail, pas d’assurance pour les accidents du travail et surtout si le travailleur ose se plaindre, menaces de le dénoncer à la police et donc d’expulsion!

    Que faire?

    Il doit s’adresser à l'inspection du travail et non à la police pour déposer une plainte contre son employeur, mais le mieux évidemment, c’est d’être accompagné. Les inspecteurs du travail connaissent les lois relatives au travail. De plus, ils l’aideront sans transmettre son nom au département de l'immigration. La police n'est pas spécialisée dans le droit du travail et ne pourra donc pas l’aider davantage. De plus, la police est plus susceptible de contacter le service de l'immigration et il risque l’expulsion.

    S’il la dépose à l’inspection du travail, la plainte doit être suffisamment sérieuse et fournir les preuves nécessaires, papiers, photos vidéos… L'inspection enquêtera sur la question. La plainte est toujours confidentielle, et le nom ne sera transmis à personne, sauf s’il autorise sa divulgation. Toutefois, s’il souhaite réparation et obtenir son salaire, il faut communiquer le nom. Après l'enquête, si l'inspection décide que l'employeur a enfreint la loi, plusieurs options: proposer à l'employeur de « rectifier » une infraction et demander le paiement des salaires impayés ou transmettre l'affaire au tribunal et si ce dernier décide de ne pas engager de poursuites, l'inspection peut imposer une amende administrative.

    Accident de travail

    Même si c’est un travailleur sans papier qui travaille au noir, et même si l’employeur (sur le marché, baby sitter, repassage…) n’est pas assuré, c’est le F.A.T. (Fonds Accidents Travail) qui paie ses soins et ensuite se retourne contre son employeur. Exactement comme si une voiture non assurée fait un accident contre une autre. FEDRIS: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. – 02/272.22.40: si l’employeur n’a pas d’assurance travail. Cette assurance paie tous les frais de l’accidenté qui travaille au noir sans papier, puis elle se retourne pour se faire rembourser par l’employeur qui n’avait pas d’assurance travail.  §